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Marie-France Etchegoin ''J'apprends le français'' aux éditions Jean-Claude Lattes
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Marie-France Etchegoin ''J'apprends le français'' aux éditions Jean-Claude Lattes

Un article rédigé par Jean-Claude DUVERGER - RCF Saint-Étienne, le 3 novembre 2018  -  Modifié le 28 février 2024

De cette expérience, elle tire un récit tout à la fois bouleversant et drolatique : l’histoire passionnante et mouvementée d’un double apprentissage. Le sien puisqu’elle n’a jamais enseigné ni agit au quotidien auprès des migrants. Et celui de jeunes hommes, parfois illettrés, qui au terme d’un très long et terrible voyage, se retrouvent devant un tableau, confrontés à l’une des langues les plus difficiles du monde, dont ils n’ont jamais entendu un mot. Dans le huis clos de cette classe, ils disent à nouveau « je » et font entendre leur incroyable odyssée tandis que leur « professeur » invente sa méthode en s’efforçant d’éviter les maladresses.
Quand pour la première fois, elle a franchi les portes du centre d’hébergement d’urgence du 19eme arrondissement, près de chez elle, Marie France Etchegoin savait seulement qu’elle voulait « aider » pour ne pas avoir « à regretter de n’avoir rien fait ». Elle n’imaginait pas que Sharokan, Ibrahim ou Salomon lui en apprendraient autant sur elle- même et qu’à travers eux, elle allait redécouvrir la complexité et la richesse de la langue française et aussi ce qui, au fond, nous constitue et qui fait trait d’union au-delà des frontières : la force de la parole.

 Chronique de Jacques PLAINE publiée dans L’Essor

Marie-France Etchegoin – J’apprends le français – JC Lattès – 17 €
Marie-France Etchegoin, journaliste et écrivain, est spécialiste des affaires criminelles et des sujets de société. Lauréate du Prix Françoise Giroux, elle habite à deux pas de l’ancien lycée hôtelier de la rue Jean Quatré. Un établissement transformé en centre d’hébergement d’urgence où cent cinquante migrants « espèrent des papiers et un asile que peut-être ils n’obtiendront jamais ».
Un jour, découvrant que le Centre manque de professeurs pour apprendre le Français aux étrangers qu’il accueille, Marie-France Etchegoin - elle qui n’a jamais enseigné - pousse la porte et se propose comme « bénévole ».
 Depuis, deux ou trois fois par semaine - de 18 à 20 heures - elle rencontre un « groupe d’apprenants ». Des garçons qui peuvent avoir fréquenté une Université ou n’avoir jamais tenu un crayon, qui peuvent avoir quelques notions de notre langue ou ne parler qu’un dialecte local, mais qui tous ont vécu un  indicible déracinement dont ils n’ont pas forcément envie de parler.
Sans formation particulière, avec seulement des outils de fortune, Marie-France Esthegoin - « jetée dans l’eau du bain, inconsciente et naïve, avec pour seule bouée son envie d’aider» - fait découvrir notre langue - parfois plus avec des gestes qu’avec des mots - à un groupe hétérogène et cosmopolite qui s’agrandit ou s’amenuise au gré de l’humeur du jour.
De cet escadron de déracinés - dont pour certains «  elle ne prend riens pour argent comptant » - vont sortir de l’anonymat quelques garçons à la personnalité affirmée. « J’apprends autant que je vous apprends… j’apprends à vous connaitre  aussi bien qu’à me connaitre.»
Une belle brochette de citoyens du monde pour lesquels elle s’autorise des surnoms, « un pense-bête que je garde en moi » : Abdou le Doux, Sharokan le Polyglotte, Aldon le Darfouri, footballeur de profession qui n’a jamais rêvé que du pays de Zidane, Ibrahim le Sage soudanais au deuil silencieux, Suteyman le Musicien venant lui aussi du confluent du Nil Blanc et du Nil Bleu, Salomon version érythréenne du « Grand Duduche » de Cabu. Des garçons en général peu diserts mais qui, au fil des jours et des confidences, des mots, du verbe et des silences, lui diront pourquoi ils ont tourné le dos au pays de leurs ancêtres pour un chemin périlleux et sans retour, celui de l’exil.
Vendredi 2 novembre, à 18 heures et à la Mairie de Saint-Etienne, salle Aristide Briand, enregistrement public de l’émission sur RCF « A plus d’un titre » avec Marie-France Etchegoin. A 16 h 30, même lieu, rencontre avec Marie-France Etchegoin.

   

                                                                          

M-F Etchegoin  et Jacques Plaine

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