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Le transhumanisme, cette nouvelle religion sans transcendance
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Le transhumanisme, cette nouvelle religion sans transcendance

RCF,  -  Modifié le 17 juillet 2023
Super longévité, super connaissance, super bien-être. On aura touché aux limites éthiques du transhumanisme quand l'homme se prendra lui-même pour une machine.
Photo by Andy Kelly on Unsplash - Le transhumanisme, une nouvelle religion? Photo by Andy Kelly on Unsplash - Le transhumanisme, une nouvelle religion?

En plein débat sur l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux femmes, le transhumanisme refait surface. Le 15 septembre dernier, le philosophe François-Xavier Bellamy signait une tribune dans Le Figaro: 'PMA pour toutes, dernière frontière avant le transhumanisme' (daté du 15 septembre 2017). Évoquant la PMA, le philosophe Dominique Folscheid entrevoyait le 'recours à des «mères porteuses» - en attendant l'utérus artificiel voire le clonage' et 'ce qu'on risque à se laisser happer dans un processus strictement technicien' (La Croix, 07/01/2017). Pour le jésuite Xavier Dijon, ce que l'on risque c'est que l'homme en vienne à 'se comprendre comme une machine'. Il signe 'Le transhumanisme' (éd. Fidélité).
 

'C'est une religion qui va être basée sur la science et la technique.' Sans transcendance, donc

 

Super longévité, super connaissance, super bien-être

'Depuis que la médecine est parvenue à toucher au génome par le biais de la génétique, l'idée est de réparer mais aussi de forcer la machine humaine pour qu'elle soit plus performante.' D'où l'idée des trois super énoncée par David Pearce, philosophe anglais spécialiste du transhumanisme: super longévité, super connaissance et super bien-être. Il n'y a qu'à lire 'La mort de la mort' de Laurent Alexandre (éd. JC Lattès, 2013) ou 'Et si on arrêtait de vieillir !' de Didier Coeurnelle (éd. Fyp, 2013) pour comprendre la vision des tenants d'un transhumanisme plus fort que la mort. Ce dernier, vice-président de l’Association Française Transhumaniste, 'essaie de montrer qu'on est en train de faire reculer la mort', explique le Père Xavier Dijon.

Mais ça ne s'arrête pas là, les progrès de la science portés par la convergence des nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives (NBIC) laissent entrevoir d'immenses possibilités en terme d'intelligence artificielle et aussi de bien-être. 'Il suffirait de détecter les gênes qui causent la souffrance...'

 


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le transhumanisme, une nouvelle religion

Là où on touche aux limites éthiques du transhumanisme c'est si 'l'homme se comprend lui-même comme une machine', explique Xavier Dijon. Qui remarque que 'les militants du transhumanisme sont de position agnostique ou franchement athée', comme par exemple le philosophe Gilbert Hottois. Ce professeur de l'Université libre de Bruxelles, spécialiste des questions d'éthique de la techno-science, voit dans le transhumanisme 'une possibilité nouvelle de vaincre le nihilisme ambiant et d'avoir un idéal fort d'augmenter l'homme sans tomber dans le piège des religions', explique le jésuite.

Le transhumanisme est ainsi vu par certains comme une religion. 'C'est une religion qui va être basée sur la science et la technique.' Sans transcendance, donc. 'Le cœur du transhumanisme c'est de regarder l'homme non pas dans l'histoire comme le font les humanistes, mais dans l'évolution', explique Xavier Dijon. Depuis 100.000 ans l'espèce humaine n'a pas évolué: les transhumanistes veulent du changement. On pourra lire sur le sujet la fameuse 'Lettre à Mère Nature' de Max More (1999).

 


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augmenter ou humaniser l'homme?

'Si le transhumaniste voit l'homme dans son évolution matérielle, à partir de la lignée animale, l'humaniste voit qu'il y a une césure, une rupture, un seuil pour parler comme Pierre Teilhard de Chardin, dans le passage à l'homme.' Dans la conception humaniste, par opposition au transhumanisme, il y a chez l'homme cette part d'étincelle, d'esprit, qui lui fait dire que l'homme n'a pas tant besoin d'être développé ou augmenté dans sa naturalité mais qu'il faut cultiver cet esprit. Et pour cela l'outil principal que nous avons reste l'éducation.

 

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