13 décembre 2020
La Petite Halte de Pierre-Paul Delvaux
Elle rêvait de la mer. Elle rêvait de longs voyages. Elle était coincée qq part en Norvège, au fond d’un fjord et son rêve était obsédant… Ellida – c’est son nom- vivait une terrible mélancolie de la mer et cette mélancolie ne la quittait plus.
Son histoire est racontée par Henri Ibsen, un dramaturge norvégien du XIXe siècle, auteur de plusieurs pièces qui ont fait grincer des dents notamment la célèbre maison de poupée où Nora finit par se dégager de la tutelle d’une mari possessif et possesseur comme bien des hommes à cette époque ! Cela fit scandale comme la plupart de pièces d’Ibsen.
La dame de la mer – c’est le titre de cette pièce - a finalement épousé Wangel un homme plus âgé, médecin au fond d’un fjord. Souvent elle revoie en pensée un homme dont elle a été la fiancée et qui représente son rêve !
Et un jour un étranger surgit qui connaît son rêve et qui lui propose de partir au loin.
Il reste une demi heure avant le départ. On entend le premier coup de sirène. Ils sont là tous les trois: Ellida, L’étranger et Wangel le mari.
L’étranger est insistant. Wangel s’interpose, comme un propriétaire.
Ma femme n’a pas à choisir. Je suis là pour la représenter et pour la défendre. Oui, pour la défendre (…)
Non, non, Wangel ! Pas cela ! 217
Et tout à coup Wangel change de langage :
(…) Il n’y a qu’un moyen de te sauver. Je n’en vois pas d’autre, en tout cas. Je consens donc à ce que le marché soit rompu – immédiatement – Dès lors tu peux choisir ton chemin, en pleine, pleine liberté.
Est-ce vrai, est-ce bien vrai ce que tu dis ? Est-ce bien ton cœur qui parle.
Oui, c’est mon cœur, oui, c‘est bien mon cœur torturé.
(…)
Te voici absolument détachée de moi. Et des miens. Désormais, ta vie, ta vraie vie peut rentrer dans son ornière. Tu peux choisir librement, Ellida. Et sous ta propre responsabilité.
Librement et sous ma propre responsabilité ! Sous ma responsabilité ? … Comme tout se transforme !
Ellida renvoie l’étranger et reste aux côtés de W médusé !
Sa nostalgie de la mer était l’image de sa soif de liberté. W a pris le risque de la perdre, un risque bien réel…
Wangel ajoute : (…) Ta nostalgie de la mer, de même que la fascination exercée sur toi par cet étranger, tout cela était l’expression d’un besoin de liberté s’éveillant et grandissant en toi. Voilà !
La situation est romantique, c’est vrai ! Retenons surtout une chose : l’humain a tellement soif d’être reconnu, pris en considération comme un être libre. Ce que nous vivons est certainement moins extrême, mais quand l’autre est reconnu nous le voyons naître à lui-même et grandir sous nos yeux !
Heureux sommes-nous quand nous pouvons reconnaître l’autre en lui-même c’est sans doute le plus beaucoup cadeau que l’on puisse faire...
Droits image: RCF