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Air France: bras de fer sur les salaires
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Air France: bras de fer sur les salaires

RCF,  -  Modifié le 3 mai 2018
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Pour leur douzième jour de grève depuis le début du conflit salarial en février, les dix membres de l’intersyndicale peinent de plus en plus à mobiliser. 19% des pilotes devraient être en grève, 18% des personnels de cabine et 10% des personnels au sol. Pour les pilotes, les plus déterminants, le taux a été divisé par deux en moins d’un mois. Résultat, 85% des vols d’Air France devraient être assurés aujourd’hui, le taux le plus élevé depuis trois mois.

Ce qui explique cette baisse, c'est sans doute le coup de poker de Jean-Marc Janaillac, le PDG d’Air France KLM, qui a organisé un référendum électronique auprès des 47 000 salariés du groupe sur les propositions salariales de la direction. Une manière de court-circuiter les syndicats, même si la consultation n’a aucune valeur juridique. Pour dramatiser encore plus l’enjeu du vote, il a indiqué qu’en cas de résultat négatif, il quitterait son poste. L’un de ses prédécesseurs, Christian Blanc, avait déjà brandi la même menace en 1994, pour obtenir un plébiscite, avec 81 % de oui. Compte tenu du faible nombre de gréviste, Jean-Marc Janaillac devrait lui aussi gagner son pari. On le saura demain à 18h.

Les positions de la direction et des syndicats restent éloignées, même si la direction a fait un petit pas. Elle propose une augmentation de 2% cette année, à laquelle s’ajoute 5% supplémentaires, étalés sur trois ans, ainsi que des hausses individuelles en fonction des résultats de l’entreprise. Les syndicats réclament 5,1% d'augmentation dès cette année pour rattraper les années de gel des salaires depuis la dernière augmentation générale il y a sept ans.

Pas sûr que la grêve s'arrête : les syndicats ont d’ores et déjà déposé des préavis de grève pour lundi et mardi prochain. Une façon de dire à la direction qu’ils ne tiendront pas compte du résultat du référendum.

Pour autant, la pression sera forte. Et le front syndical pourrait se briser. Des tensions sont apparues ces jours derniers. Laurent Berger, le patron de la CFDT, a ainsi critiqué le SNPL, le syndicat qui réunit sept pilotes sur dix, qu’il a accusé de prendre « tout le monde en otage ». « Les pilotes, on va leur donner de quoi s’en sortir,  a-t-il expliqué. Et le personnel au sol, il trinquera. On aura des suppressions d’emploi ».

Avec le chômage de masse, on n'est plus vraiment habitué à ce genre de bras de fer sur les salaires. Cela s'explique par l’explosion du transport aérien, avec l’enrichissement des pays émergents. Le nombre de voyageurs transporté devrait doubler en vingt ans. Si bien que les compagnies devront recruter plus de 500 000 pilotes de ligne dans le monde sur la même période _ près d’un demi-million ! Ces derniers sentent en position de force. Ils connaissent bien l’adage : « pas de pilote, pas de compagnie ».

De leur côté, ces dernières doivent faire face à l’arrivée, depuis une vingtaine d’année, de concurrents redoutables : les low cost et les compagnies du golfe ou asiatiques qui n’ont pas les même contraintes. Résultat : le prix des billets ne cesse de baisser. Il a été divisé par deux en trente ans. Difficile d’y faire face avec des coûts en hausse…

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