Bon anniversaire Nietzsche !

C’était hier l’anniversaire de Nietzsche, né le 15 octobre 1844, en Prusse, et mort le 25 août 1900, à Weimar, en Allemagne. Paul Valéry disait que « Nietzsche, ce n’est pas une nourriture – c’est un excitant ».

Nietzsche, ce n’est pas de la philosophie, c’est de la dynamite. Il dynamite les bons sentiments, de la pitié à l’amour du prochain, en passant par l’altruisme et la modestie. Il dynamite la philosophie, grande donneuse de leçons, mais incapable de nous dire comment vivre, comment affronter les peines et saisir les joies de l’existence. Il dynamite le christianisme, également grand pourvoyeur de leçons de morale, mais qui préfère voir le prochain dans le malheur que dans le bonheur. Il dynamite également le bonheur, ou plutôt nos petits bonheurs d’hommes modernes, fuyant tout ce qui est trop intense, trop vivant, trop exigeant.

Caricaturé, falsifié, mal interprété, embrigadé, à gauche comme à droite. Car nous n’aimons pas ce qui dérange, alors nous l’enrégimentons, nous lui collons des étiquettes. Mais Nietzsche est sans étiquette. Il frappe toujours là où on ne l’attendait pas, et il encense qui l’on ne soupçonnait pas. C’est ainsi qu’il fait de Pascal, catholique rigoriste et janséniste, l’un des seuls penseurs qui vaille la peine.

Ce qui caractérise la philosophie de Nietzsche, c’est sans doute le refus des consolations. Car toutes les consolations, quelles qu’elles soient, religieuses, morales, politiques, philosophiques, toutes les consolations sont mensongères et malhonnêtes. Nietzsche nous demande, au contraire, de vivre en « plein midi », cette heure brutale où nous sommes sans abri, sans échappatoire possible. Où nous n’avons pas d’autre choix que de regarder la vie en face, et de lui dire oui, sans regrets mais sans illusions non plus.

Nietzsche exige de nous « une âme forte, audacieuse, téméraire », capable, dit-il, de « traverser la vie l’œil calme et le pas ferme, et de prêter l’oreille à toute musique ».