Cette affirmation d’Hannah Arendt ne cesse de me poursuivre depuis bien longtemps. Et elle me hante aussi tous ces derniers temps, avec les crimes qui dévisagent l’Église du Christ et martyrisent les victimes.
Il est des heures où tout ce que l’on croit savoir, ce pour quoi on a passé de nombreuses années d’étude, parait fétu de paille. Alors revient peut-être l’essentiel.
Dans cet essentiel, il y a la pensée d’Hannah Arendt, philosophe, juive allemande qui en 1933 a pu fuir de justesse à Paris. Mais avec les lois anti-juives édictées par le gouvernement français en 1940, et la rafle des femmes dites « indésirables » au Veldiv, elle est internée dans le camps de Gurs, dans le Béarn. Elle parviendra à s’en échapper et à rejoindre les États-Unis.
« Ce vide de la pensée » renvoie à ce qu’elle décrira ensuite comme « la banalité du mal », lors du procès d’Eichemann à Jérusalem, en 1961, qu’elle suit comme envoyée spéciale pour le journal américain The New Yorker.
« La banalité du mal » ne réduit en rien la responsabilité du criminel. Elle se caractérise par l’incapacité d’être affecté par ce que l’on fait et le refus de juger et de distinguer le bien du mal. Elle se niche dans ce qu’Hannah Arendt nomme « l’absence d’imagination », cette aptitude à se mettre à la place d’autrui. Et c’est bien là une décision pour refuser toute implication personnelle. Se mettre à la place – autant que possible – des victimes, se sentir responsable, n’est-ce pas justement ce que notre Eglise a trop longtemps rejetté ?
Si la pensée ne rend pas meilleur, son exercice est indispensable car son défaut fait le lit du mal, nous empêchant alors d’acceder à la conscience et donc à la responsabilté et à l’action. L’ignorance – ou la pseudo-ignorance - finie par falsifier la réalité, ne nous faisant plus appréhender ni le crime commis, ni le mal subi tels qu’ils sont.
Mettre les vrais mots sur ces ignominies, nommer les choses, comprendre ce qui les a rendues possibles est impératif pour déterminer ce qui doit être résolument entrepris.
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