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Erik Orsenna: "les écrivains nous aident à comprendre et à ralentir"
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Erik Orsenna: "les écrivains nous aident à comprendre et à ralentir"

RCF,  -  Modifié le 22 octobre 2019
Erik Orsenna est un écrivain touche-à-tout. Romans, essais, des livres qui se comptent par dizaine. La jubilation de lire, d’écrire, de comprendre et de faire comprendre.
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"La culture, c'est linverse de la dépression"

Comprendre importe beaucoup pour Erik Orsenna. Il en tire là l’importance de l’écrivain, dans le monde, à l’heure où l’on attend la nomination des lauréats du Nobel de Littérature pour les années 2018 et 2019. "Le monde est complexe, il s’accélère. On voit bien qu’il faut des gens qui permettent de comprendre, et de ralentir. Ce qui me frappe beaucoup, c’est que la culture est l’inverse de la dépression. Elle donne confiance, elle nous fait plus divers, plus grand, plus libre que nous ne sommes" explique-t-il.

Engagé dans la cité, Erik Orsenna est un fin observateur de la vie politique et sociale française. Pour lui, il y a deux Frances qui tendent à s’écarter de plus en plus. Citant les agriculteurs, les Gilets jaunes, les bonnets rouges, il observe une mise à l’écart d’une partie du pays. Il reconnaît que les hommes politiques sont une catégorie sociale peu appréciée, excepté les maires, "qui tiennent la baraque". "On a cru à quelque chose qui est profondément faux : le ruissellement. Cela vaut pour les personnes, et pour les villes. Mais pire que la pauvreté, c’est l’absence d’espérance" ajoute-t-il.
 

"Jai honte de ma génération"

Pour l’écrivain, il y a deux façons de préparer l’avenir : "ne pas investir dans la lutte contre le dérèglement climatique, et accumuler les dettes pour préparer les fins de mois. On n’a pas investi dans les technologies d’avenir et on a accumulé les dettes car on n’était pas capable de se restreindre un peu. J’ai honte de ma génération. Quand je vois les plus jeunes qui crient que c’est scandaleux, ils ont totalement raison".

L’écrivain et académicien Erik Orsenna revient sur le devant de l’actualité littéraire, avec un dernier ouvrage consacré à Beaumarchais, "Beaumarchais : un aventurier de la liberté" (éd. Stock). Une véritable cavalcade, selon l’auteur, autour de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, écrivain, dramaturge, journaliste, musicien et homme politique, qui nous fait plonger au cœur du XVIIIème siècle, le siècle de la liberté pour l’auteur. "C’est le siècle qui invente la liberté. C’est cela qui m’intéressait. C’est la liberté dans tous les domaines : politique, religieuse, du savoir" lance-t-il.
 

"Tout est recyclable dans notre monde"

Ce XVIIIème siècle peut nous apprendre beaucoup sur notre époque, explique Erik Orsenna. "Il y a beaucoup plus d’existences de vies que l’on peut imaginer. Emmanuel Macron n’est pas l’inventeur du "en même temps". Son inventeur, c’est Beaumarchais. […] Il y a beaucoup de vies dans l’existence" analyse l’académicien, qui au vu de sa longue carrière, sait précisément de quoi il parle, ne prônant finalement que l’amour et le travail, comme véritables moteurs de vie.

Erik Orsenna retient enfin cette phrase de Beaumarchais : "bannissons le chagrin". Revenant sur le slogan de RCF, "La joie se partage", l’académicien explique : "à quoi sert le chagrin ? Tout est recyclable dans notre monde. Et le chagrin doit être une matière première pour entreprendre autre chose".

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