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Fin de vie: "on ne fait pas une loi pour quelques exceptions" explique le philosophe Eric Fourneret
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Fin de vie: "on ne fait pas une loi pour quelques exceptions" explique le philosophe Eric Fourneret

RCF,  -  Modifié le 25 septembre 2018
Le Comité Consultatif National d’Ethique doit rendre mardi 25 septembre son avis sur la révision des lois de bioéthique après les Etats Généraux de Bioéthique.
 Capture d'écran YouTube Vilnius IFLituanie Capture d'écran YouTube Vilnius IFLituanie

Fin de vie : se détacher d'un débat binaire

De nombreux sujets sont au programme. Parmi ceux qui intéressent spécialement les catholiques : l’extension de la PMA mais aussi la fin de vie. Suicide assisté, euthanasie, ces questions ont été longuement débattues pendant les Etats Généraux de Bioéthique. Pour le philosophe ​Eric Fourneret, enseignant à Grenoble, ancien membre de la Commission Sicart sur la fin de vie, auteur de "Sommes-nous libres de vouloir mourir ?" (éd. Albin Michel)., il faut tordre le cou à l’idée selon laquelle on meut mal en France. "Il vaut mieux mourir en France que dans les pays de Centrafrique. On meurt particulièrement bien en France par rapport à nos voisins. En revanche, par rapport aux compétences extraordinaires de nos professionnels de santé, nous avons une organisation des soins au moment de la fin de vie qui est un système écrasant, complexe, et qui ne permet pas à nos professionnels de santé de pouvoir exercer au mieux leurs compétences" explique-t-il.

La fin de vie n’était pas vraiment au programme des Etats Généraux de Bioéthique, pourtant la question de l’euthanasie et celle du suicide assisté ont mobilisé un certain nombre de débats, parfois violents. Pour Eric Fourneret, ce sujet soulève autant de passions en France "parce qu’il s’agit de s’interroger sur un acte irréversible. Une fois qu’on a fait mourir quelqu’un, il est illusoire de pouvoir revenir en arrière. Il y a deux positions un peu dogmatiques qui s’affrontent à chaque fois : les personnes que l’on pourrait qualifier de conservatrice, qui estiment que la vie est un bien absolu, et de l’autre côté, des personnes qui pensent que la liberté est la valeur la plus importante. S’opposent ainsi deux courants de pensée qui sont inconciliables. La difficulté est de pouvoir se détacher de ce débat binaire".
 

Deux visions de la dignité humaine

Pour le philosophe Eric Fourneret, certaines associations, comme l’association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD) entretiennent un certain malaise sur la question "par l’instrumentalisation de certaines affaires qui jettent beaucoup d’ambigüité et de confusion dans l’esprit des personnes qui sont profanes sur ce sujet-là". Il critique notamment l’utilisation de l’émotion à outrance. "Il n’y a pas très longtemps, une militante de l’ADMD [Jacqueline Jencquel NDLR] a expliqué que du fait de son âge, elle ira se faire euthanasier en Suisse et en Belgique. Cela crée une profonde ambigüité comme si le fait d’être âgé, d’avoir 70 ans, ce qui n’est pas si âgé que cela, était une tare" précise-t-il.

Sur la question de la fin de vie, que l’on soit à l’ADMD ou chez les Evêques de France, on évoque la question de la dignité. "On ne parle pas de la même chose. On va mettre un même mot, mais avoir des interprétations très différentes. D’un côté on va parler de la dignité humaine, et de l’autre côté la dignité va glisser vers la liberté individuelle. C’est véritablement deux positions inconciliables qui créent l’ambivalence" explique le philosophe. "Mon travail n’est pas d’être législateur moral, ma démarche est d’essayer de comprendre et d’expliquer les problématiques. J’analyse les arguments. Mon rôle n’est pas de dire ce qu’il faut faire, mais d’éclaircir la problématique afin que chaque citoyen puisse produire sa propre réflexion sur le sujet" ajoute Eric Fourneret.

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