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Hercule Poirot est cartésien
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Hercule Poirot est cartésien

RCF,  -  Modifié le 9 avril 2019
Ce matin, j’aimerais parler de meurtre, de sang, de crimes et d’assassins. J’aimerais parler d’Agatha Christie. En réalité, il y a plus de philosophie que de sang dans ses romans.
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Se philosophie ? de théologie ? 

Mais oui. Que fait son détective à grandes moustaches, Hercule Poirot ? Il pense. Il fait marcher ses cellules grises. Il ne se fie à rien d’autre qu’à la méthode, à la déduction et à la logique. Méthode, ordre, clarté : ce sont là les recommandations mêmes de Descartes pour bien penser, pour parvenir à la vérité et à la certitude.  Disons-le tout net : Hercule Poirot est cartésien. Face à la sauvagerie des passions, qui font haïr, envier, mentir et tuer, il faut faire valoir les droits de la pensée. Je vais même me permettre d’aller plus loin. 
 

Allons-bon : plus loin que l’idée qu’Hercule poirot est cartésien ? 

Oui, plus loin, et plus important encore. Si Hercule Poirot, le célèbre détective, fait valoir la pensée contre la haine, la capacité à prendre avec les choses et les faits cette distance indispensable qui est celle de la pensée et de la réflexion, s’il fait valoir cette aptitude à penser contre le méchant, c’est parce la méchanceté et la haine sont toujours absence de pensée.
 

Le méchant ne pense pas ? 

C’est là une thèse fondamentale, non pas de Descartes, non pas d’Agatha Christie, mais d’une grande dame de la philosophie : Hannah Arendt. Que dit Hannah Arendt ? Que le méchant n’a pas de conscience. Au double sens du terme : au sens de conscience réflexive, qui fait être conscient de ce qu’on fait et de ce qu’on dit. Et au sens de conscience morale, cette capacité que l’on a d’être juge de soi-même, de juger ses actes, de les sonder, de les peser, pour leur donner un prix, une valeur. 

Qu’est-ce donc que la morale ? Rien d’autre que le fait d’être témoin de soi, de ses actes et même de ses pensées. Rien d’autre que le fait de pouvoir se regarder dans la glace et de continuer à vivre avec soi. Et c’est cette relation à soi, cette voix de la conscience que le méchant entend étouffer. Mais, par là, il perd tout, et jusqu’à son humanité. Car, comme le dit Hannah Arendt, "la qualité personnelle d’un individu" n’est pas autre chose que "sa qualité morale".

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