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Jean-François Colosimo: face aux religions, la laïcité "limite le risque de guerre civile"
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Jean-François Colosimo: face aux religions, la laïcité "limite le risque de guerre civile"

Un article rédigé par Antoine Bellier - RCF,  -  Modifié le 31 octobre 2019
A l’heure d’un débat sur la laïcité à la limite de l’hystérie, retour sur l’histoire de cette notion très française avec Jean-François Colosimo.
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Une distinction entre le temporel et le spirituel

Pour remonter aux origines de la laïcité à la française, il ne faut pas s’arrêter à 1905, ou même à la Révolution française. Cette laïcité tisse en effet des liens beaucoup plus complexes, et anciens, avec les religions, et notamment le christianisme. C’est ce qui ressort du dernier essai de Jean-François Colosimo : "La religion française" (éd. du Cerf). "Ce que je nomme la religion française, ce n’est pas la religion de la France, ce n’est pas non plus pour dire qu’il y aurait une religion française qui serait la laïcité. La laïcité, c’est la dernière étape de ce long processus qui distingue la France de tous les pays d’Europe : une distinction entre le spirituel et le temporel, comme il n’en existe pas ailleurs" explique-t-il au micro de RCF.

Cette laïcité remonte à l’Europe médiévale. "Avec l’élection d’Hugues Capet, la France va choisir de se réinventer comme le royaume biblique d’Israël, un petit royaume qui lutte contre toutes les puissances externes, et qui ne s’en remet qu’à Dieu. La lutte entre le pape et l’empereur a abouti à la Réforme : la fusion du temporel et du spirituel. Des chefs d’État qui deviennent aussi des chefs d’Eglise. En France, le roi ne se prendra jamais pour le chef de l’Eglise. Il y a un chef spirituel, le pape. Mais le roi de France va examiner les conséquences du spirituel dans le temporel. Et pour cela, il va s’attribuer les attributs du pontificat" analyse le patron des éditions du Cerf.
 

Une laïcité instrumentalisée

Pour ce dernier, la laïcité est devenue aujourd’hui un terme dévoyé, un mot-valise, que tout le monde se dispute, avec les risques d’instrumentalisation que cela peut entraîner. "On n’arrête pas de lui donner des épithètes, comme si le mot ne suffisait pas, alors qu’il suffit. C’est un mot tardif, c’est une étape du long processus de séparation du spirituel et du temporel mais dans un rapport gagnant-gagnant. Là on dit chacun chez soi" lance-t-il.

Pour l'essayiste, la laïcité connait plusieurs ennemis actuellement. "Elle est instrumentalisée par l’extrême-droite, de manière claire. Par l’extrême-gauche qui veut soi disant une laïcité ouverte, qui cherche un peuple de substitution dans l’immigration et qui est prête à des concessions inouïes sur le statut des femmes" ajoute-t-il. Conséquences de cela, un antagonisme entre une laïcité totalement ouverte, et une laïcité beaucoup plus restrictive.
 

Limiter les risques de sédition

"La religion française, cela veut dire que c’est la religion qui a fait la France en tant que nation. C’est l’idée assez claire qu’il faut qu’il y ait une certaine transcendance de l’État sur les confessions. Les religions ont toute une capacité d’exclusion au nom de la vérité qu’elles annoncent, et une faculté de domination sur leurs propres fidèles. Quand elles entrent dans l’espace public, avec leur caractère absolu, elles entraînent le risque d’une guerre civile. En fait, la laïcité est un grand exorcisme du risque de sédition que porte toutes les religions" clame Jean-François Colosimo.

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