Jean-Louis Etienne reste pour beaucoup celui qui un jour de mai 1986 a atteint le Pôle Nord, seul, en tirant son traineau. Aujourd’hui, il milite pour la protection de l’eau sur la planète.
Auteur de multiples expéditions dans le monde entier, que ce soit à pied, en traineau, en ballon depuis plus de quarante ans, Jean-Louis Etienne témoigne aujourd’hui de l’impact du réchauffement climatique. "Je l’ai vu surtout dans les régions polaires. La glace disparaît d’une manière dramatique. C’est une évidence. Quand on fréquente ces régions régulièrement, on voit l’évolution. Et même sans aller si loin, dans les Alpes ou les Pyrénées, les glaciers régressent d’une manière dramatique" explique-t-il au micro de RCF.
Le médecin et explorateur participe jeudi 15 novembre à Lyon à un colloque sur l’eau. Un élément particulièrement touché par le réchauffement climatique. "Sur les océans, cela n’est pas très visible, mais le niveau de l’océan monte tous les ans de 3mm. Pour deux raisons : parce qu’il se réchauffe, tout corps qui se réchauffe se dilate, et à cause de la fonte des glaces. C’est quelque chose de sournois, de lent, mais c’est à l’œuvre" ajoute Jean-Louis Etienne.
"On a perdu beaucoup de temps à dire ça se réchauffe, ça ne se réchauffe pas. C’est devenu une valeur populaire alors que ce n’est pas une valeur populaire. C’est une mesure scientifique. La température moyenne de la planète a augmenté de un degré en un siècle. Cela ne se perçoit pas. C’est une fièvre qui nous gagne petit à petit" lance encore l'explorateur.
Ce spécialiste précise que le réchauffement climatique "est une machine qui a une inertie colossale. On ne va pas l’arrêter du jour au lendemain. Il faut nécessairement réduire de manière drastique les émissions de CO2. Le gaz carbonique agit à l’état de traces. Il est très efficace. C’est 0,04% de la composition de l’atmosphère. C’est rien du tout, mais c’est très puissant. On pourrait passer du charbon au gaz qui émet moitié moins de CO2. Il faut être économe dans l’énergie de l’habitat. On peut faire de ses déplacements un acte sportif, marcher davantage. Il y a des solutions de transition énergétique".
Décrit comme un sportif de l’inutile, à 72 ans, Jean-Louis Etienne préfère dire que "l’aventure est mobilisatrice. L’aventure permet de faire des passerelles attractives entre les sciences de terrain, l’environnement et l’éducation. Cette aventure au Pôle Nord a été très constructive pour moi. C’était une aventure personnelle, mais il y a eu des aventures scientifiques. J’ai construit Antartica, qui est devenu Tara. Quand on fréquente les régions polaires, on devient l’ambassadeur du réchauffement climatique".
Jean-Louis Etienne publie L'enfant qui marche aux Editions Plume de Carotte.
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