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L’Europe d’après confinement : face au risque d’une dépression
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L’Europe d’après confinement : face au risque d’une dépression

RCF,  -  Modifié le 10 avril 2020
C'est la deuxième étape de la série de chronique consacrée aux conséquences de la crise du COVID-19 sur l'avenir de l'Europe : quelles sont les circonstances économiques de cette pandémie ?

La situation que nous vivons est inédite et comporte donc une grande incertitude quant à ses conséquences. Cela étant, il semble acquis que la levée du confinement ne s’accompagnera pas d’un retour à la situation pré-crise. La mise à l’arrêt de l’économie s’est traduite par une disruption voire un arrêt des chaines de production, d’une part, et un ralentissement très net de la consommation, d’autre part. Au-delà de ce choc économique (dont les évaluations sont fragiles), l’enjeu aujourd’hui est d’éviter que celui-ci ne dégénère en dépression (c’est-à-dire en une récession majeure et durable), comparable à celle des années 1930. Car, face à un contexte incertain, aux risques d’une reprise non coordonnée et d’un pouvoir d’achat dégradé (dû aux pertes d’emplois), la possibilité d’un cercle vicieux de contraction de l’économie existe. Le choc du confinement peut aussi entrainer d’autres crises. L’explosion du chômage aux Etats-Unis (dont le taux pourrait atteindre 25%) pourrait provoquer de nombreux défauts sur des prêts, hypothécaires par exemple, et provoquer une nouvelle crise financière. C’est la raison pour laquelle les gouvernements injectent massivement de l’argent dans l’économie au risque de s’endetter considérablement.

Pour faire face à ce risque de dépression, la Banque centrale européenne a annoncé un programme de création monétaire de 750 milliards d’euros. Mais, au-delà les Européens semblent encore divisés sur la réponse à apporter. Effectivement, les 750 milliards d’euros de rachat de dettes publiques et privées de la BCE, sont le premier étage de la réponse européenne. De son côté, la Commission a levé provisoirement les limites d’endettement et de déficit mais cela ne suffira sans doute pas. Et, c’est là que la situation se complique, car les Etats campent sur leurs positions. Alors que le Sud de l’Eurozone demande la création de coronabonds – c’est-à-dire l’émission en commun de dettes – le Nord préfère mobiliser le Mécanisme Européen de Stabilité créé en 2012 mais qui implique des prêts et en théorie des programmes d’austérité.

L’accumulation de dettes à des niveaux très élevés est en soi un problème. Comment réagiront les marchés et les Européens si l’Italie (3ème économie de la zone) voit sa dette représenter 200% de son PIB ? C’est la raison pour laquelle plusieurs experts préconisent plutôt la distribution d’argent de la BCE directement aux entreprises et aux particuliers – ce qu’on appelle l’helicopter money – voire que la BCE rachète durablement les dettes des Etats. Mais, ça, l’Allemagne qui est hantée par le spectre de l’hyperinflation ne veut pas en entendre parler.
 

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