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L'Europe : un système multilatéral menacé d'usure
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L'Europe : un système multilatéral menacé d'usure

RCF,  -  Modifié le 20 décembre 2019
​Dimanche, la COP25 s’achevait à Madrid sur un quasi-constat d’échec, après pourtant 15 jours de négociations et 2 jours de prolongation : un symptôme d'une crise de multilatéralisme.

C’est tout l’ordre international libéral tel que nous le connaissons depuis la fin de la seconde guerre mondiale qui est aujourd’hui menacé d’usure et d’obsolescence. Qu’on regarde en matière commerciale. L’Organe de Règlement des Différends – la principale innovation de l’Organisation Mondiale du Commerce – est aujourd’hui suspendu du fait de l’obstruction américaine.

Mais cela fait bien longtemps que les cycles de négociations ne débouchent plus sur rien de significatif. De même, au niveau politique, le système multilatéral échoue à faire émerger des solutions aux différentes crises sécuritaires que ce soit en Iran, en Corée du Nord ou en Syrie.

En cause il y a, d’une part, l’incapacité du système multilatéral à se réformer et à prendre en compte les évolutions du monde. Le monde d’aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec celui de 1945 ni même celui de 1989. Or, nos institutions internationales n’évoluent plus et prennent le risque d’apparaitre comme le rempart d’un monde qui n’est plus. Cette crise du multilatéralisme est accentuée, si ce n’est précipitée, aujourd’hui par la politique de repli des Etats-Unis, qui étaient pourtant les principaux artisans (et bénéficiaires) de cet ordre international.

L’Union européenne est particulièrement attachée au multilatéralisme, ainsi que l’a rappelé Ursula von der Leyen à plusieurs reprises. Ne doit-elle pas pourtant s’adapter à cette nouvelle réalité d’un monde de puissances ?

C’est l’ambition justement de la nouvelle Commission européenne, qui veut être « géopolitique », de construire une  « souveraineté européenne ». Et, des évolutions nettes sont déjà sensibles, en matière commerciale par exemple, ou sur la question de la taxation du CO2 aux frontières, qui a été annoncée lors de la présentation du Green Deal il y a 15 jours.

Mais, ce n’est pas suffisant et il ne faut pas lâcher la défense du multilatéralisme que ce soit en matière commerciale, climatique, sécuritaire ou politique. Tout d’abord, parce que beaucoup des défis qui se posent à l’humanité, ignorent les frontières : dérèglements climatiques, terrorismes, migrations, par exemple. Mais également, parce que c’est l’intérêt des Européens. L’Europe est loin d’avoir une cohésion interne aussi forte qu’un Etat.

Et, un système multilatéral est un clair avantage pour une Europe qui met nécessairement du temps à élaborer un consensus en son sein.

Pour autant, vous décrivez une situation bloquée avec des oppositions très fortes de certains Etats au multilatéralisme. Comment dès lors avancer ?

Il est clair qu’il faut repenser le système actuel. Et, il faudra aller au-delà des mots et accepter que nos valeurs européennes ou occidentales ne sont pas partagées par tous. Dès lors, un ajustement aux marges du système actuel est difficilement crédible. Et, un véritable dialogue interculturel sera nécessaire. Nul doute que l’Europe avec son expérience de la gestion de la diversité pourrait avoir un rôle moteur dans cette refonte, à condition toutefois qu’elle s’en donne les moyens.

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