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​La pollution sur l'Euphrate en Irak
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​La pollution sur l'Euphrate en Irak

RCF,  -  Modifié le 9 novembre 2018
Cette semaine David Groison nous parle d'une image en direct du Liban.
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David Groison, le rédacteur en chef de Phosphore, est avec nous depuis le Liban. Vous êtes à Beyrouth, David, invité par le grand lycée franco-libanais. C’est d’ailleurs avec ces jeunes élèves du lycée, que vous avez choisi l’image de la semaine.

Bonjour Stéphanie. Oui, j’ai regardé avec les jeunes du lycée franco-libanais les photos qui ont marqué l’actualité cette semaine, et figurez-vous qu’ils n’ont pas retenu les clichés attendus. Ils n’ont pas voulu de Donald Trump alpaguant les journalistes. « On l’a déjà montré et raconté 1001 fois », m’a lancé Rami. Ils n’ont pas retenu non plus Emmanuel Macron et la Grande Guerre – même s’ils sont très très nombreux à Beyrouth à suivre le journal de 20 Heures de TF1 ou de France 2. Toute la classe ou presque de 4ème E m’a cité les chaines françaises parmi leurs principales sources d’information. Ces jeunes de Beyrouth n’ont pas choisi des images de la Syrie pourtant toute proche. Non, la photo qui a retenu leur attention, c’est une image dingue d’un homme dans une barque, sur un fleuve tranquille, mais couvert en surface par des centaines et des centaines de poissons morts. On distingue le fleuve, car il y a à droite et à gauche de l’image de l’eau limpide. Mais au centre, sous un pont en béton qui semble infini - il est installé sur la ligne de fuite de l’image – il y a une colonne infinie elle-aussi de carpes entassées les unes sur les autres. L’homme installé dans sa barque leur jette un regard affligé. Il est d’ailleurs impassible, presque amorphe.

Elle vient d’où cette image ? Du Liban ?

Non. C’est bien une photo du Moyen-Orient, mais c’est un peu plus à l’est. C’est une photo prise sur l’Euphrate, en Irak. Un pays qui produit 29000 tonnes de poisson par an. C’est pas mal. Mais 90 % des poissons élevés dans les fermes d’élevage viennent de mourir. Et pour l’instant, nous n’avons AUCUNE explication. Les fermiers ont tout perdu. Ils attendent que les autorités testent l’eau, pour savoir s’il s’agit d’un rejet sauvage de produits chimiques. Ils ont peur d’avoir été empoisonnés eux-aussi. Car cet été déjà, 100.000 Irakiens avaient été hospitalisés car empoisonnés par l’eau polluée.

C’est très impressionnant. Ils savaient tout ça, les jeunes Libanais qui ont choisi cette photo ?

Non. Mais le sujet leur tient à cœur, car à Beyrouth aussi, on connaît les affres de la pollution. Nazik me l’a confié : « Beyrouth est une très belle ville, mais il y a trop de pollution ». Il parlait des poubelles sur le bord des routes, sur les plages. Mais l’eau est polluée elle-aussi. 80% des eaux usées du Liban sont rejetées dans la mer sans traitement. Et au nord-est de la ville, l’immense montagne de déchets de Bourj Hammoud – un dépotoir sauvage accumulé pendant vingt ans – jouxte le port. Des camions font des va et viens pour pousser les détritus dans la mer : la Méditerranée est ici véritablement une décharge. Il n’y a aucun incinérateur en place au Liban. Pas de tri, pas de recyclage. Mais pour l’instant, les poissons tiennent bon.

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