Il n’y a pas de place. Qui fait attention à cette urgence qui ne devrait pas exister.
Le temps serait-il l’ennemi de ceux qui ne supportent pas l’insupportable ? Non, le véritable adversaire, c’est une somme d’indifférences, rejetant à plus tard la réflexion pour épargner ceux qui subissent les affres de la misère.
Les personnes qui ont « pignon sur rue » ont du mal à comprendre celles qui sont à la rue !
Les fractures bien connues, justement dénoncées, ne font pas l’objet de réparations à minima, ou si peu, et encore moins d’une prise en compte réelle qui conduirait la Nation à se lever pour ouvrir un formidable chantier : la solidarité au nom des valeurs qu’elle affiche.
Cette perspective reste dans l’ombre, accompagnée de mots qui n’expliquent rien, tentant de justifier une fatalité qui n’est qu’un alibi, l’absence de courage pour refuser ce qui devrait l’être.
« Ainsi va le monde » pour laisser la main à ceux qui, de par leurs milieux sociaux, sont préparés à faire partie d’une élite peu encline à ouvrir les yeux sur les situations de grande pauvreté. L’idée de la Nation se délite, comme le souligne si justement, Jérôme Fourquet dans son ouvrage l’archipel français.
Le climat social est lourd, laissant entendre des orages destructeurs. Le mouvement informel des « Gilets jaunes » a eu deux postures : une prise de possession des ronds-points, soulignant qu’il n’y a pas d’horizon et le refus d’être représenté qui n’est pas sans analogie à la crise que traverse la démocratie, quant à son expression.
Ainsi, se déchire dans un quasi-silence, le tissu social. Si Bernanos rappelle que les pauvres ont le secret de l’espérance, observons combien ils ont aussi le sens du silence. N’oseraient-ils pas, ou bien ne jugeraient-ils pas plutôt â quelle confiance â qu’il leur faut tenir pensant que les inégalités criantes vont nous conduire à préparer un autre avenir.
Des ouvertures se font jour avec une démocratie plus participative qui s’esquisse au niveau local ; elle mériterait d’être encouragée à une échelle plus globale pour que les plus vulnérables trouvent leur place comme acteurs à part entière.
Notre Société a besoin d’une philosophie du lien. Antoine de Saint-Exupéry nous l’offre avec « Le Petit-Prince », ouvrage plus difficile qu’il n’y paraît mais paradoxalement accessible à tous.
Je veux rendre aux Hommes le goût du miracle, disait-il, dans Citadelle. Reconstruire les liens suppose que nous trouvions ou retrouvions ce goût.
Au diable ces décisions bruyantes, de part et d’autre, l’urgence est de se rencontrer, de se parler, de susciter un « faire-ensemble » en se rappelant l’exclamation de Saint-Exupéry dans la Lettre à un otage : les miracles véritables, qu’ils font peu de bruit !
Heureux silence pour se libérer de ce tintamarre et prendre enfin le temps d’une écoute et d’une réflexion pour un apprivoisement, source d’un faire et vivre ensemble.
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