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Le Gilet de la Toute-Puissance ?

RCF,  - Modifié le 18 février 2019
Retrouvez chaque lundi l'éditorial d'Antoine Guggenheim.
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Dans son magnifique film Vaters Land (2002) – Le pays des pères », ou « La patrie », Nurith Aviv, cinéaste, née à Tel Aviv de parents berlinois, vivant en France, interroge des universitaires allemands sur le sentiment de « perte » qui les étreint : à la différence de leurs grands-parents, ils n’ont plus de savants Juifs à leur côté dans la vie de l’université et de la recherche. Nurith Aviv éclaire ces témoignages par une réflexion de la philosophe Hannah Arendt sur le choc vécu par les Juifs allemands à l’arrivée de Hitler au pouvoir : "Notre problème n’était pas l’attitude de nos ennemis, mais de nos amis. En cette période de mise au pas à laquelle les gens adhéraient volontairement, avant même l’usage de la terreur, il y eut un abandon soudain, un vide autour de nous" (Hannah Arendt, Entretien télévisé avec Günter Gaus, 1964).

La présence des Juifs en Allemagne, et dans les pays d’Europe centrale et orientale, est aujourd’hui réduite à l’état de traces. En France, par un effet de notre histoire et de notre incarnation particulière de l’esprit des Lumières, la présence juive, bien que très diminuée, atteint un niveau qui lui permet d’exister comme une réalité dans l’espace publique. Adhérer à la France, faire face ensemble à nos difficultés et réaliser nos espérances de justice et de progrès, assumer avec humilité et audace notre vocation singulière en Europe et dans le monde, ne peut se faire si nous nous déchirons dans des guerres civiles politiques ou religieuses.

Il semble suffire à beaucoup de revêtir un certain gilet de couleur jaune pour s’estimer collectivement victimes de tous et légitimes à transgresser les règles publiques du vivre ensemble : liberté de circulation, liberté de commerce, liberté d’information et d’opinion. Ce gilet sympathique et précieux, qui protège la vie des travailleurs dans des lieux dangereux et signale les accidentés de la route en cas d’urgence, n’avait-il pas au départ un autre sens que cette affirmation de Toute-Puissance ? Entre ces deux adages, il faut choisir : "tout est permis", car je n’ai rien à partager avec vous ; ou bien : « ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse, ne le fais pas à autrui », qui est la règle d’or de l’humanité.

"On me dit que des Juifs se sont glissés dans la salle ?" - demande Pierre Desproges… - "Vous pouvez rester. N’empêche qu’on ne m’ôtera pas de l’idée que, pendant la dernière guerre mondiale, de nombreux Juifs ont eu une attitude carrément hostile à l’égard du régime nazi." Dans la violence verbale, et donc physique, envers un philosophe, se répète la condamnation de la liberté de Socrate : "l’exil ou la ciguë", et se renoue, en plein jour médiatique, le lien étroit entre l’idolâtrie de la force et l’antisémitisme.

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