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Le service, quand il est obligatoire, n'est plus un service mais une corvée
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Le service, quand il est obligatoire, n'est plus un service mais une corvée

RCF,  -  Modifié le 9 février 2018
On en sait désormais un peu plus sur les contours de ce fameux « service national universel ». François Mandil s'interroge sur cette mesure destinée à soutenir l'engagement des jeunes.
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Lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron s’était prononcé en faveur d’un service militaire obligatoire. C’était d’ailleurs une promesse assez consensuelle puisque quasiment tous les candidats étaient favorables à un service obligatoire, militaire ou civil.  

Disons-le tout net, le secteur éducatif était pour le moins dubitatif. On a parfois l’impression que l’idée a été validée avant de savoir à quel besoin elle répondait. En gros : « Créons quelque chose et on verra bien à quoi ça va servir ».

Une fois élu, Emmanuel Macron avait déclaré « Mettre en place un service national universel est une voie qui permet de sortir de l'individualisme au profit d'un engagement collectif ». A nouveau, c’est très agaçant cette accusation permanente d’individualisme faite à la jeunesse. On l’a déjà évoqué le mois dernier, les jeunes sont bien plus engagés et généreux que leurs aînés. Si l’objectif est de sortir de l’individualisme, alors il ne faut pas réserver ce service national aux jeunes !
 
Pour moi, le service national, ce n'est pas forcément non : tout dépend de ce qu’on en fait. Si c’est pour créer une main d’œuvre gratuite à destination des collectivités ou des associations, on se trompe lourdement. Les pauvres conscrits ne pourraient effectuer que des missions totalement inintéressantes et de toute façon, un service, quand il est obligatoire, n’est plus un service mais une corvée. Par contre, si l’objectif est de faire un temps de « team-building » national de la jeunesse, s’il sert à forger un socle commun autour des valeurs de la République, à permettre aux jeunes de se croiser, de se rencontrer, s’il donne envie de s’engager, d’apprendre les gestes qui sauvent … bref si c’est un grand temps éducatif alors pourquoi pas ? Il faut donner envie aux jeunes de participer à ce temps.
 
La semaine dernière, le Président de la République a confirmé que l’option militaire (dont les armées ne veulent surtout pas) était abandonnée, qu’il souhaitait une période d’un mois avec hébergement, donc un vrai temps collectif. Mais les contours restent à déterminer, et notamment les modalités pratiques. Il s’agit quand même de former 600 à 800 000 jeunes par an !
 
Et puis, il reste une grosse inconnue : le prix ! Un rapport commandé par Édouard Philippe a été rendu public il y a 2 jours. Ce rapport dénonce frontalement le coût du dispositif, autour de 3 milliards d’euro, soit l’équivalent du coût de la dissuasion nucléaire.
 
Selon Emmanuel Macron, « l'engagement pour les autres est le plus sûr moyen de se réaliser soi-même ».  Il n’a pas tort. Mais avec 3 milliards d’euros, il y a peut-être plus efficace pour soutenir les engagements nombreux qui existent déjà et pour mener des politiques publiques en direction de la jeunesse.

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