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Le sport en otage
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Le sport en otage

RCF,  -  Modifié le 16 octobre 2019
Fallait-il jouer ce France-Turquie de football, malgré les récentes offensives turques en Syrie ?
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Telle est la question qui a agité le landernau politique lundi dernier, donnant aux chaînes d’information en continu un nouveau sujet pour faire le buzz et le spectacle. 
A vrai dire, je n’ai aucune réponse toute faite à cette question morale et politique tout sauf simple. D’un côté, le gouvernement Erdogan se lançant dans une offensive contre les Kurdes en Syrie qui a tous les signes d’une volonté d’épuration ethnique. De l’autre un match de football contre une équipe turque qui ne manque pas une occasion de soutenir son président et son armée.

J’ai bien peur que ma passion pour le sport m’empêche de considérer assez sérieusement l’hypothèse des boycotts sportifs. J’ai donc cherché dans ma mémoire et me souviens des JO de Moscou, boycottés par les Etats-Unis en 1980, et de ceux de Los Angeles par les pays de l’Est en 1984. La France n’avait pas emboîté le pas aux Etats-Unis et était bien présente à Moscou. Le débat avait fait rage. Avec le recul, nous sommes bien obligés de constater que ces différentes positions n’ont aucunement pesé sur le cours des événements. Le mur est tombé en 1989 et le boycott n’y fut pour rien.

J’étais un peu sidéré de voir lundi soir M. Alexis Corbières se lancer dans une apologie lyrique de l’immense footballeur hollandais Johann Cruyff qui ne serait pas allé au Mondial en Argentine en 1978 pour protester contre la dictature de Videla. Manque de pot, l’intéressé s’était clairement expliqué sur le sujet avant de mourir. Il avait renoncé à la coupe du monde pour des raisons familiales, mais en aucun cas par conviction politique, d’autant qu’il avait joué en Espagne au FC Barcelone en pleine époque franquiste. Le but de M. Corbières était donc manifestement hors-jeu, mais personne sur le plateau n’avait la culture sportive pour le remettre à sa place.

Tout cela me confirme que le sport est souvent instrumentalisé par des politiques qui ne savent plus quoi trouver pour gesticuler. Car si le boycott d’un match suffisait à faire renoncer Erdogan à son projet fou, cela se saurait chère Stéphanie. Alors, si l’on revenait à la sagesse des Grecs ? En pleine guerre entre cités, les jeux olympiques étaient le lieu sanctuarisé de la fraternité entre les peuples. Faire du sport un espace préservé des calculs politiques ne serait-ce pas la juste posture morale ?

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