Ces années passées, c’est Notre-Dame qui a ouvert le ban en 2013, avec l’anniversaire de ses 850 ans, fêtés en grande pompes à l’époque, avec la fonte de nouvelles cloches, la restauration complète de son grand orgue, et un magnifique ensemble d’événements liturgiques qui seraient restées dans les mémoires … s’il n’y avait pas eu l’incendie du 15 avril 2019. Et un tout autre anniversaire, autrement plus triste, qui nous attend bientôt.
L’an dernier c’est Cahors qui a fêté les 900 ans de sa cathédrale Saint-Étienne. Et cette année, nous avons un bouquet d’anniversaires avec le 8e centenaire des cathédrales de Metz, d’Amiens et de Chartres. Autrement dit trois anniversaires dans un mouchoir de poche.
Est-ce que cela veut dire que leur construction a commencé la même année ?
Pas du tout. C’est évidemment compliqué de fixer une année précise de démarrage des travaux voici 800 ans. En 1220 donc. Il n’y en général aucun document fiable qui l’atteste. Mais surtout, des cathédrales gothiques, le style qui domine en France et qu’on connaît bien, avec des variantes régionales, ont commencé romanes ou carolingiennes. C’est le cas de Cahors et de Metz, mais aussi de Strasbourg qui a fêté ses 1000 ans en 2015 : son chœur est roman, le reste gothique.
En fait le gothique est né en Île-de-France au milieu du XIe siècle. Des architectes audacieux ont repoussé les limites de la croisée d’ogives et utilisé des contreforts extérieurs pour remplacer les murs épais du roman qui soutenaient jusqu’alors les voûtes des églises. Cela a permis d’élargir les ouvertures et de faire entrer la lumière, comme manifestation divine.
Le gothique - un mot impropre inventé au XIXe siècle - a tellement plu qu’il s’est diffusé rapidement dans d’autres terres, à mesure que les équipes de bâtisseurs avançaient le long des grandes voies de commerce et de pèlerinages.
Les travaux de la cathédrale Saint-Étienne de Metz ont commencé en 1220 pour se terminer trois siècles plus tard, vers 1520. Metz était alors une ville appartenant à l’empire carolingien – l'Île-de-France, elle, était capétienne. Le gothique s’y est imposé pan par pan à partir de fondations carolingiennes, de sorte que Saint-Étienne possède les trois styles de gothique successifs : le classique, le rayonnant – avec des rosaces – et le flamboyant, le plus tardif, avec ses flammèches de pierres. Sans oublier des apports néo-gothiques au XIXe siècle, quand Metz était allemande.
Les spécialistes s’accordent à dire que Metz offre la quintessence du gothique. C’est la cathédrale française qui possède la plus grande surface de vitraux. 6500 mètres carrés ! C’est énorme. Des vitraux du Moyen Âge jusqu’au XXe siècle, avec les célèbres verrières créées par Chagall illustrant l’Ancien Testament. On appelle même Saint-Étienne la lanterne du Bon Dieu. De la hauteur, de la légèreté, de la lumière et de la couleur : une véritable châsse dont le trésor est le sanctuaire. C’est l’idéal gothique !
Quel programme à Metz pour ce jubilé ?
Un programme dense concocté par le diocèse et par la Ville, avec des expositions et des concerts. Car Metz a inventé au VIIIe siècle un chant qui mélangeait le chant romain et le chant gallican, et qui serait l’ancêtre du chant grégorien. On pourra l’entendre en mars.
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