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Les folies du 49.3
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Les folies du 49.3

RCF,  -  Modifié le 4 mars 2020
C’est donc fait. L‘essentiel du projet de loi, installant en France, la retraite par points a été adopté mardi par l’Assemblée nationale en première lecture.

Le recours à l’article 49.3 a produit les effets escomptés. Comme c’était prévisible, les motions de censure des oppositions de droite et de gauche n’ont pas été adoptées. La feuille de route qu’avait donnée Emmanuel Macron au gouvernement a donc été honorée : une adoption du texte à l’Assemblée nationale avant les municipales et un terme mis à l’obstruction parlementaire allègrement pratiquée par la France insoumise et les Républicains.

Ce succès de l’exécutif parvenant à imposer son calendrier à une minorité parlementaire rétive ressemble pourtant à une victoire à la Pyrrhus.

La méthode employée pour imposer le changement restera comme une tache indélébile sur ce texte, comparable à celle qui recouvre la loi travail adoptée lors du quinquennat précédant. Ces dérives avaient accéléré le délitement de la gauche socialiste au pouvoir. 
 
Certes, cette remise en ordre musclée plaira à tous ceux que le spectacle de l’obstruction parlementaire systématique dérangeait. Mais cette petite joie n’arrivera pas à masquer les responsabilités partagées de ces errements.

Le texte à trou du gouvernement, insuffisamment préparé, imposait aux parlementaires de chercher des éclaircissements. Le Sénat, à majorité de droite, qui va maintenant se saisir du texte s’emploiera logiquement à obtenir des précisions avant qu’un nouveau recours à l’article 49.3 s’impose à nouveau en seconde lecture à l’Assemblée nationale.  Pour les mêmes raisons qu’au coup d’avant.

Ce sera donc une totale victoire de l’exécutif

Bien sûr, la réforme des retraites devrait être au final adoptée et l’âge pivot écarté un temps reviendra dans les débats, après un échec probable de la conférence de financement qui doit conclure ses travaux fin avril. A la fois pour le Medef et pour Edouard Philippe, il demeure la panacée pour redresser les comptes des caisses de retraite. Mais il y aura une facture.

La facture politique de cette réforme sans doute utile, mais si impopulaire et si mal engagée, va se révéler élevée pour l’exécutif. L’électorat de droite qui soutenait Emmanuel Macron dans cette ambition réformatrice revient doucement vers ses attachements anciens. L’électorat de gauche qui avait voté pour lui dès le premier tour ou au second tour de la présidentielle s’estime trahi et ne se sentira plus obligé de voter pour le président de la République au seul motif de faire rempart à l’avancée de l’extrême droite.
 

 

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