Les pauvres aussi ont droit au beau

Ce fut une joie d’inaugurer, il y a quelques jours, un centre d’hébergement d’urgence imaginé par des bénévoles du Secours catholique il y a dix ans. Dix ans de bataille pour obtenir tous les feux verts des administrations et de la mairie qui a beaucoup résisté !

«  Un toit un avenir » : voici le nom prometteur de ce centre, construit sur un terrain donné par l’évêché, et en cœur de ville. Ce lieu sera un havre de paix pour des familles fatiguées par l’errance d’hôtel en hôtel ou squat. Ici tout est beau ! La coopérative Habitat Solidaire et les jeunes architectes ont voulu le plus beau pour les plus pauvres : un bâtiment en bois, à haute qualité environnementale , ouvert sur un patio central qui permettra aux 23 familles résidentes de se rencontrer.

L’inspiration est venue des « familistères » créés par l’industriel GODIN au 19ème siècle, pour le logement de familles ouvrières. Les familistères, étaient conçus autour d’une cour centrale pour favoriser une vie communautaire harmonieuse.

Les besoins d’hébergement des familles sont encore plus importants qu'il y a dix ans. La directrice du SAMU social de Paris me disait il y a quelques jours que 1300 places d’hébergement allaient fermer sur Paris d’ici fin juin. 1300 places occupées aujourd’hui par des gens qui vont se retrouver à la rue… et cela dans un silence assourdissant car les beaux jours sont là et la question des sans abri n’émeut plus personne.

L’émotion est saisonnière mais le scandale est permanent : 40 000 personnes dont 15 000 enfants, vivent à l’hôtel en Ile de France dans des conditions très précaires de promiscuité, avec des problèmes d’alimentation et de santé, lourds de conséquences pour les enfants. Chaque soir, des dizaines de familles restent sans réponse et dorment à la rue avec leurs enfants.

Je suis fière que le Secours catholique ait porté jusqu’au bout ce projet  et je rends hommage aux bénévoles qui l’ont porté  à son terme avec ténacité ; et à tous ceux qui vont maintenant participer à l’accueil et au bien être des familles. Mais il faudrait beaucoup d’autres centres comme celui-ci pour qu’il n’y ait plus aucun enfant à la rue ou en squat.