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Les petits pois sont-ils un luxe ?
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Les petits pois sont-ils un luxe ?

RCF,  -  Modifié le 7 octobre 2019
Ce matin, on parle BD, communisme, Lituanie et années 80

Tous ces thèmes divers, en plus du caractère éminemment luxueux des petits pois en boite et des gommes sont abordés dans une BD autobiographique intitulé La Boite de petit pois publié chez Delcourt. Le scenario est de Giédré, une chanteuse aux paroles politiquement incorrect et un peu crue, et les dessins de Holly R. Ces derniers sont particulièrement doux puisqu’ils utilisent l’aquarelle et le crayon de couleur avec un trait enfantin qui correspond bien à la tonalité nostalgique du récit.

Il s’agit de l’autobiographie de Giedre, qui revient sur sa vie et celle de sa famille entre 0 et 7 ans en URSS. Elle parle de son oncle déporté à 17 ans en Siberie car il a instigué un mouvement pour l’indépendance de la Lituanie notamment en préparant des affiches qui selon l’auteur porte la mention : « Eh franchement la vie c’est naze. La liberté c’est trop important quoi. Sérieux y en a marre ».

Mais aussi de son grand-père apparatchik avec sa maison secondaire près de Vilnius qui a des meubles qui vont tous bien les uns avec les autres et qui a même accès a un magasin où on peut acheter de la viande voire du café.
Loin d’être misérabiliste le récit de l’enfance de Giedre se focalise sur les petites choses, le partage entre les enfants d’une gomme comme l’un d’entre eux réussi à en acheter une ou alors de la combine qu’elle monte en demandant le baptême afin de recevoir un panier de chewing-gum, qu’elle et ses amis de la cour mâche à tour de rôle pendant 1 min. Elle évoque aussi la misère, les queues interminables dans les magasins, les astuces de sa grand-mère pour acheter des oranges mais aussi la consommation d’alcool de son père.

La fin du récit est dramatique, la petite fille est exfiltrée de Lituanie par ses grand-mères pour rejoindre sa mère et son frère en banlieue parisienne. Là elle découvre un monde différent ou les chewingum s’achète par paquet et ou les bananes et les petits pois sont en vente libre, mais où « quand quelqu’un avait quelque chose, c’était sa chose à lui et il partageait pas trop. Dans les magasins, il avait plein de trucs partout mais pas tout le monde pouvait en avoir ». Les 5 dernières pages dessinées par Giedré elle-même sont un peu moins réussi, mais elle forme une jolie conclusion sur l’incompréhension qui peut exister entre une mère qui a fui le communisme et une fille qui chante à la fête de l’humanité.

Cette BD n'est pas uniquement destinée aux plus jeunes, la collection une case en moins des editions Delcourt n’est pas une collection spécifique pour la jeunesse. Mais cet album, touchant et juste pourra convenir aux ados à partir de 12 ans, c’est un bon moyen de mieux comprendre le contexte de la chute du mur dont nous allons fêter les 40 ans.

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