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Mais pourquoi le pape va-t-il si souvent en Asie ?
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Mais pourquoi le pape va-t-il si souvent en Asie ?

RCF,  -  Modifié le 26 novembre 2019
Au Japon actuellement, le pape n'en est pas à son premier voyage en Asie, en quoi l’Asie est-elle si importante à ses yeux ?


Le pape est actuellement au Japon, jusqu’à mercredi. C’est son quatrième voyage en Asie : dès 2014 il est allé en Corée, puis en 2015 au Sri Lanka et Philippines, en 2017 Birmanie et Bangladesh, et 2019 donc Thaïlande et Japon. Alors que, rappelons-le, il n’est pas venu en France, ni en Allemagne ou en Espagne…

On a parlé de son attachement personnel, son désir, lorsqu’il était jeune, de partir comme missionnaire au Japon. Certes, mais la vraie raison n’est pas là. L’Asie constitue un enjeu extrêmement important pour le catholicisme. Le centre de gravité de notre planète est désormais en Asie, avec le dynamisme et la montée en puissance de ce continent (Chine, Inde, Vietnam, Pakistan, Corée, etc…). Et le catholicisme ne peut passer complètement à côté, s’il veut rester une religion importante au plan mondial.

Or, de ce point de vue, l’évangélisation du continent a été un échec: seule 3,2 % de la population asiatique est catholique, une toute petite minorité. Les chrétiens plus généralement, qui représentent 32 % de la population mondiale, sont seulement 7 % en Asie.

À part les Philippines, la religion catholique reste une religion considérée comme européenne, ce qui n’est historiquement pas exact, car les premiers chrétiens, au Kerala et en Chine (nestoriens) sont venus avant que l’Europe ne soit chrétienne. Mais contrairement à l’Afrique ou l’Amérique, le christianisme a toujours eu du mal à s’implanter en Asie. À partir du XVe siècle, des missionnaires sont arrivés dans les bateaux des marchands portugais (le traité de Tordesillas en 1494 qui partage le monde entre zone d’influence espagnole et portugaise leur reconnaît la majeure partie du territoire).

Cette évangélisation est souvent violente, ne tenant guère compte de la richesse culturelle de ces pays. Matteo Ricci, un jésuite déjà, en 1682, a échoué à faire comprendre au pape la nécessité de consentir à une forme d’inculturation, c’est la fameuse querelle des rites.

En Chine, l’empereur finit par interdire cette religion à partir du XVIII e siècle. Au Japon, ce sera encore plus violent, et l’empereur décrète l’ère Edo, où le pays se ferme, de 1600 à 1868.

Le christianisme a du mal à prendre, sauf pour les minorités, et durant tout le XIXe, des missionnaires seront martyrisés. Certains estiment aussi que pour le bouddhisme, (et l’hindouisme avant lui), une religion où un Dieu se fait homme est difficilement compréhensible, face à des conceptions de la transcendance où la divinité n’est pas séparée de la nature.

Alors, le pape François a-t-il raison d’y croire encore ? Oui, sans doute, car le christianisme, pour minoritaire qu’il soit, fait preuve d’un beau dynamisme sur ce continent, avec évidement des situations très diverses selon les pays. Il y a autant de baptêmes chaque année en Asie qu’en Afrique aujourd’hui. Le christianisme est une religion qui a une bonne image, et très investie dans le social.

À Hong Kong par exemple, dont on parle beaucoup en ce moment, les chrétiens représentent 5 % de la population de l’île mais 25 % des écoliers sont scolarisés dans un établissement catholique ! C’est encore plus vrai en Inde, où le secteur social bénéficie d’une grande présence d’Églises. Aujourd’hui, c’est en Inde que les jésuites ont le plus de séminaristes. La preuve que le catholicisme a encore son mot à dire sur ce continent, à condition qu’il sache s’imprégner de la culture de ces populations, et ne pas se présenter comme une religion importée. C’est tout le pari du pape François.
 

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