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On ne gouverne pas la France comme une entreprise du CAC 40
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On ne gouverne pas la France comme une entreprise du CAC 40

RCF,  -  Modifié le 25 mars 2019
Retrouvez chaque lundi l'édito de Antoine Guggenheim dans la Matinale.
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France 2 diffusait il y a trois semaines un très beau reportage sur l’exercice du pouvoir par les présidents de la Vème République et leurs équipes. Bien sûr chacun des présidents a sa personnalité et sa place dans l’histoire. D’ailleurs, chacun de nous a ses préférences personnelles et sa sensibilité. Les opinions politiques sont variées, chez les chrétiens comme chez les autres heureusement d’ailleurs ! On entend quelque fois dire, depuis la Manif Pour Tous, que nous serions obligés d’être pour une telle ou contre un tel. Je ne le crois pas. Déjà, la devise républicaine comporte trois mots : "Liberté, Egalité, Fraternité" et non un seul. Chacun de nous est plus ou moins sensible à l’un ou à l’autre. C’est aussi pour cela que nous avons besoin des uns et des autres. La liberté est le mot fétiche de la droite libérale, égalité le mot clé de la gauche sociale. Fraternité est oubliée par les uns et par les autres. Elle n’est représentée que par son contraire : les partisans de l’exclusion.

Il arrive donc que nos combats politiques nous fassent préférer pour des raisons en partie subjective tel ou tel président. Charles de Gaulle, le premier de tous est à part, et il ne s’agit pas de le donner en tout comme modèle aux autres… Et pourtant ! Ce que je voudrais souligner dans la personne de Charles de Gaulle, ce n’est pas seulement sa morale "personnelle". Quel que soit son machiavélisme politique, le fondateur de la 5ème République avait en effet une rare éthique de la séparation de ses intérêts privés et de sa fonction publique. Un seul rappel : il refusa de percevoir l’indemnité proposée aux anciens présidents. Phénomène unique et pourtant qui devrait donner l’exemple .

Ce qui m’a touché dans cette émission chez Charles De Gaulle, c’est que cet homme, qui jouissait d’une légitimité historique sans égale, ne se satisfaisait ni d’elle ni de sa légitimité liée à l’élection. Il n’a jamais dit : "j’ai été élu, donc je peux ne pas écouter" l’opposition parlementaire, syndicale ou populaire. Tous les ans et demi ou tous les deux ans, en cas de crise, il retournait devant le peuple. Et les crises sont nombreuses en démocratie. Pourquoi agissait-il ainsi ? Parce qu’il savait et croyait profondément qu’en démocratie, le seul souverain, c’est le peuple. L’élu est un représentant de la nation, pas plus, pas moins. Qu’on n’insulte pas le peuple en le disant volage, intéressé ou ignorant. La légitimité de l’élection ne suspend pas la nécessité de revenir au peuple quand on a fait des bêtises, ou quand des événements importants ont changé la donne. L’élu, c’est celui qui consulte le peuple – pas celui qui le remplace.

Finalement, Charles de Gaulle fut un président très peu monarque. Peut-être que Mitterrand le rejoint ici. Après les manifestations monstres pour l’école libre, Mitterrand renvoie son Premier ministre. La France républicaine et démocratique n’est pas une entreprise du CAC 40 qu’on préside d’en haut avec ses collaborateurs. Il est temps que le président Macron, qui dit avoir reconnu ses erreurs, préside la France comme un élu dont le pouvoir vient de la nation.

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