L'auteur et ancien journaliste, Nicolas Hénin est le président du Think tank Action Résilience, qui travaille sur la radicalisation et la lutte contre le terrorisme. Son livre publié chez Fayard s’intitule Comprendre le terrorisme est sous-titré "Bâtissons une société résiliente".
Le 7 février Nicolas Hénin était à Bruxelles pour témoigner dans le procès de l’attentat du Musée juif qui a fait quatre morts le 24 mai 2014. Et il connait bien le principal accusé Mehdi Nemmouche, qui a été son geôlier lorsqu’il était otage de Daesh en Syrie. Lors de ce procès, Nicolas Henin a pu intervenir en tant que témoin. Il a dit sous serment reconnaître le djihadiste "sans l’ombre d’un doute : c’est bien l’homme qui a été mon geôlier et tortionnaire. Il est sadique, ludique et narcissique, il jouait avec ses victimes et il n’en avait rien à faire de l’environnement, de la guerre civile qui se déroulait autour de lui. L’important pour lui était son aventure personnelle."
Pour Nicolas Hénin il est important de juger les terroristes "pour donner le sentiment aux victimes qu’il y a de la justice. Ça m’a fait du bien de pouvoir le revoir et de pouvoir lui balancer dans les yeux tout ce qu’il m’a fait, ça permet de me décharger du poids de l’horreur".
Ses dernières semaines Daech a reculé territorialement, et Nicolas Hénin explique que c’est le résultat de "l’action de nos forces armées" mais que ce n’est pas suffisant, "ce n’est que la première étape. Le califat est déconstruit, mais le problème est qu’il change de nature, il est retourné à une forme de groupe insurgé et perturbe tous les efforts de reconstruction de la société en Syrie. De plus l’idéologie de Daech est toujours dans les têtes et continue d’attirer des personnes".
Nicolas Henin estime que 1200 djihadistes français, les "revenants", sont encore en Syrie et en Irak. Mais pour lui les enfants de ses personnes sont avant tout "des victimes, qui n’ont pas choisi de rejoindre le terrorisme, il faut en prendre soin". "Ces enfants seront certes des défis en terme de réintégration et de prise en charge, mais il serait immonde de les laisser sur place". Concernant les adultes, pour lui "les rapatrier représente un risque sécuritaire et un coût. Mais on risque plus de choses si on ne les rapatrie pas".
Pour Nicolas Henin la notion de justice face à ces personnes est importante, et un tribunal international reste une option pour juger les crimes de Daech. "Ce n’est pas parce que ces personnes se sont placées en dehors du droit que notre réponse doit trahir nos principes. Ne leur donnons pas la victoire de renier nos valeurs démocratiques".
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