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Olivier Delacroix: "on ne sort jamais indemne d’un échange avec une personne qui souffre"
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Olivier Delacroix: "on ne sort jamais indemne d’un échange avec une personne qui souffre"

RCF,  -  Modifié le 20 juin 2019
Dreadlocks, carrure de rugbyman, caban de marin, le style d’Olivier Delacroix dénote. Dans le paysage audiovisuel français, il porte la parole des invisibles.
01 ©Laurent Julliand 01 ©Laurent Julliand

 

"Il faut prendre son temps"

Animateur iconoclaste, producteur et réalisateur de documentaires, "Dans les yeux d’Olivier" sur France 2, "Le Parcours des combattantes" sur France 5, "Partageons nos expériences de vie" sur Europe 1, auteur de "Parce qu’il y a les femmes"  (éd. Michel Lafon), Olivier Delacroix ne passe plus inaperçu.

Les téléspectateurs ont appris à se plonger dans les yeux bleus de celui qui aime donner la parole aux oubliés de notre temps, aux petits, aux faibles, à ceux qui se battent au quotidien. De reportage en documentaire, en passant par d’innombrables interviews, Olivier Delacroix a su imposer son rythme, son tempo. "Il faut prendre son temps, ne pas lancer une caméra ou un micro la première heure. Il faut partager quelque chose, un café. Souvent les témoins se font tout un monde d’un passage à la télévision. Il faut rassurer" explique-t-il.
 

"Ces femmes-là ont une luminosité"

Pour Olivier Delacroix, le passage marquant de sa carrière médiatique fut cette rencontre avec des religieuses cloitrées, en Ariège. "Cela a vraiment marqué le début de l’histoire de "Dans les yeux d’Olivier". J’y vois un signe. J’y pense souvent à ces moniales. Cela a marqué les consciences. On parle toujours de ce film, dix ans après. Cela marque le début de ce qu’est ce magazine" lance-t-il.

"J’avais très peur. J’étais très impressionné. J’arrivais de France 4 sur la chaîne Premium du groupe France Télévision. J’allais rencontrer des moniales dont je savais que la vie était faite de lectures philosophiques, spirituelles. A l’époque je doutais beaucoup de moi. Elles m’ont appris que l’on peut avoir plein de préjugés, et l’instantané d’un moment. J’étais très vite moi avec elles. Ces femmes-là, plus que les autres, ont une luminosité" précise-t-il.
 

"Je n'oublie pas d'où je viens"

Olivier Delacroix est aujourd’hui reconnu à la télévision pour être celui qui donne la parole aux anonymes, aux invisibles. "L’émission fête sa neuvième saison. On a fait notre meilleure rentrée depuis trois mercredis. L’émission jouit d’une certaine réputation. Les gens qui décident d’y témoigner savent qu’ils seront entendus, respectés, protégés, qu’ils auront du temps, en tournage comme à l’antenne. On fait des films militants, pour faire avancer les mentalités. C’est une émission engagée" explique-t-il.

Une mère pas vraiment aimante, un père qui s’est suicidé, un petit bébé perdu. La vie d’Olivier Delacroix n’est pas rose non plus. "Je n’oublie pas d’où je viens. Je baigne aussi dans le monde des invisibles" lance-t-il, estimant ne pas avoir pris la grosse tête après ses succès médiatiques. "Je ne suis pas dépositaire de la souffrance. Je vois des gens autour de moi qui traversent pire que moi" estime l’animateur.

Aujourd’hui, Olivier Delacroix s’engage en faveur du droit des femmes et contre les violences faites aux femmes. Pour lui, la France est clairement à la traîne. "On a un jeune président, en qui je porte beaucoup d’espoir. On a une secrétaire d’Etat [Marlène Schiappa NDLR] en qui je portais beaucoup d’espoir, mais plus ça va et moins j’en porte. On ne peut pas se contenter de Me Too, de Balance ton Porc et penser que le peuple est occupé sur Twitter. Tous les deux jours une femme meurt sous les coups de son compagnon. Il y a moins de foyers d’urgence. Des associations ont perdu leurs subventions. En 2018, on a reculé. Cela me met en colère" conclut-il.

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