Permettez moi de vous dire d’abord ce dont je ne parlerai pas : du désarroi dans lequel se trouvent les directeurs et conservateurs de musées, qui voient l’échéance de leur réouverture s’éloigner de jour en jour. De cet été sans festivals de musique ou de théâtre, qui nous attend tous. Même ceux qui se tiennent habituellement à partir de la deuxième quinzaine d’août renoncent les uns après les autres. J’aurais enfin pu vous parler de l’annulation de tous les rendez-vous estivaux du patrimoine : les Journées du patrimoine de Pays, de l’archéologie, la fête des jardins, ou la Nuit des églises.
En fait, j’ai préféré rester positif, et vous parler de la fascination et du bonheur que j’éprouve à voir la multitude de projets de restaurations de patrimoine, partout en France, et dont les chantiers devraient reprendre dès que les artisans pourront se remettre à l’ouvrage. D’ailleurs, celui de la cathédrale Notre-Dame de Paris a repris hier, modestement s’entend. Pour les voir, tous ces projets, j’ai tout simplement parcouru les sites internet de la Fondation du patrimoine et de la Sauvegarde de l’art français, deux fondations bien connues et très actives. On y trouve, plusieurs dizaines de projets pour La Sauvegarde de l’Art français, dont les fonds proviennent du mécénat. Des petites églises de nos campagnes, non classées, toutes plus belles les unes que les autres. Près de 3000 projets à différentes étapes pour la Fondation du patrimoine, interlocutrice de Stéphane Bern pour le loto du patrimoine, et qui tire ses ressources des dons, des successions en déshérence, et des souscriptions publiques. De tout, et partout, en métropole et hors métropole. Du petit patrimoine de proximité. Des églises bien sûr, mais aussi des bâtiments civils, des maisons anciennes, des fours à pain, des moulins, voire des races d’animaux domestiques en danger, ou du patrimoine ferroviaire.
C'est une "Micheline" qui m'a tapé l'oeil. Un autorail x2800 sorti des ateliers Decauville en 1958, et qui a vaillamment relié les petites villes du Haut-Doubs, dans le massif du Jura, jusqu’au début des années 2000. Avec son moteur diesel qui s’entendait de loin, et que le président de l’association, qui adéjà en grande partie restauré cet autorail, qualifie de « Harley » ou de « Porsche du rail », au niveau sonore, pas à celui de la rapidité. Une comparaison assez exacte. J’ai beaucoup de sympathie pour le patrimoine ferroviaire, et ce monde du rail, qui nous a longtemps permis de nous enfoncer très loin dans les campagnes, et de traverser des paysages auxquels seul le train donne accès. Mais surtout, la Micheline est pour moi, et sans doute aussi pour beaucoup de vos auditeurs, comme une petite madeleine qui sent bon les voyages, les visites à la famille, les beaux jours et les vacances. Je l’entends encore mettre les gaz et démarrer, après le coup de sifflet du chef de gare. C’est cela aussi la magie du patrimoine : un voyage personnel, quand bien même il est immobile.
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