Accueil
Peut-on faire des réformes en France ?
Partager

Peut-on faire des réformes en France ?

RCF,  -  Modifié le 5 décembre 2019
Aujourd'hui débute un nouveau bras de fer autour des retraites, dans la France réputée irréformable, il existe pourtant une tradition certaine de la réforme
podcast image par défaut

Il y a onze lignes de métro fermées à Paris, plus de 90% des trains SNCF supprimés, des centaines de vols annulés et des lignes de bus à l’arrêt en région. Les grévistes des transports devraient être rejoints notamment par des enseignants, des étudiants, des policiers, des avocats, mais aussi des partis d'opposition des «gilets jaunes».

On retrouve des niveaux de mobilisation atteints en 1995, contre la réforme Juppé. Mais l’obligation de déclaration des grévistes 48 heures à l’avance, en vigueur depuis 2007, a permis aux directions de la SNCF et de la RATP d’organiser une forme de service minimum sur certaines lignes. Ce qui n’était pas le cas il y a 24 ans.

Le mouvement va-t-il durer ?

Sans doute au moins jusqu’en début de semaine prochaine, chacun des deux camps voulant mesurer le rapport de force avant d’abattre ses cartes dans une éventuelle négociation. Les syndicats de cheminots appellent à un mouvement illimité. Et au au siège de la SNCF, on envisage que le mouvement dure jusqu'à jeudi prochain, le 12 décembre, date autour de laquelle le Premier ministre Édouard Philippe devrait préciser les contours de la réforme.

Quelle pourrait être une porte de sortie ?

Si aucun des camps ne devait gagner par K.O., ce qui est possible tant les débordements peuvent être nombreux, elle devrait tourner autour de la question de la date d’entrée en vigueur de la réforme. Jusqu’à présent le Haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, envisageait une entrée en vigueur de son texte en 2025, pour les Français nés après 1963.

Mais «il y a une place pour les discussions», a assuré la ministre des Transports, Élisabeth Borne.

Dès la semaine dernière, Edouard Philippe avait entr’ouvert la porte en disant entendre ceux qui estiment qu’à 5 ans de la retraite, le changement de système pourrait être assez déstabilisant et ceux qui disent que la fameuse clause du grand-père, qui prévoit de n’appliquer la réforme qu’aux nouveaux entrants sur le marché du travail, ne serait pas assez ambitieuse.

Entre ces deux extrêmes, on devrait pouvoir trouver le bon curseur, avait-il indiqué. Par exemple de ne prévoir l’entrée en vigueur de la réforme que dans 10 ou 15 ans. Reste à savoir si cet assouplissement bénéficieraient à tous ou aux salariés des seuls régimes spéciaux.

Ce psychodrame veut-il dire que la France n’est pas réformable ?

Non. Cela fait partie de la dramaturgie nationale. Bercés par les légendes révolutionnaires, les Français sont un peuple assez éruptif. Cela ne signifie pour autant pas que des réformes sont impossibles dans notre pays. Et même des réformes des retraites.

Depuis le Livre blanc de Michel Rocard, en 1991, qui avait fait ressortir le premier l’équation impossible dans laquelle l’abaissement de l’âge de la retraite de 65 à 60 ans par François Mitterrand en 1982 avait plongé le pays, notre pays a connu de multiples réformes, de droite et de gauche, y compris les régimes spéciaux, comme le raconte aujourd’hui dans La Croix mon confrère Bernard Gorce.

L’âge de la retraite est passé à 62 ans (et 67 ans pour le taux plein) et la durée de cotisation a bondi de 37,5 à 43 ans, et une convergence des différents régimes est engagée.

Quel est l’avantage du projet d’Emmanuel Macron ?

La réforme systémique proposée par son équipe prévoit de un système universel, égal entre un chauffeur de bus parisien et de Romorantin, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Par ailleurs, le système à points, qui existe déjà dans les régimes Agirc et Arrco que gèrent les partenaires sociaux, devrait faciliter les ajustements réguliers sans passer par des crises.
Mais pour cela, il faut impérativement créer de la confiance et sans doute accepter de payer un peu plus pour que tous, en particulier les moins favorisés, aient le sentiment d’une certaine justice.
 

Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

  • Ce don ne me coûte que 0.00 € après déduction fiscale

  • 80

    Ce don ne me coûte que 27.20 € après déduction fiscale

  • 100

    Ce don ne me coûte que 34.00 € après déduction fiscale

Faire un don