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Prix Nobel de l'économie : reconnaissance des économistes du développement
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Prix Nobel de l'économie : reconnaissance des économistes du développement

RCF,  -  Modifié le 17 octobre 2019
Le prix Nobel d’économie a été attribué cette semaine à un trio de chercheurs spécialisés dans la lutte contre la pauvreté.
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Parmi eux, Cocorico, une franco-américaine, Esther Duflo qui bat des records. Elle est la quatrième économiste français sacrée après Jean Tirole, en 2014, Maurice Allais, en 1988 et Gérard Debreu, en 1983. C’est aussi la deuxième femme seulement à obtenir ce prix dans une discipline essentiellement masculine, l’économie. Et à 46 ans, c’est la plus jeune lauréate.

Enfin, c’est une première : elle a obtenu le Nobel avec son mari, l’Américain d'origine indienne Abhijit Banerjee, son ancien professeur au MIT, le très prestigieux Massachusetts Institute of Technology. La lauréate a raconté que son mari ... «s'est rendormi» après l'appel de l'académie,. «Il était très tôt et je ne suis pas quelqu'un du matin», a-t-il justifié plus tard. Le couple est accompagné par un autre chercheur américain, Michael Kremer.
 

Cette récompense : une surprise ?

Pas vraiment. Le nom d’Esther Duflo était fréquemment cité ces dernières années comme « nobélisable ». Car cette distinction vient s’ajouter aux nombreuses médailles et honneurs décrochés, ces dernières années, par l’une des économistes les plus brillantes de sa génération. A 6 ans, elle voulait faire comme Mère Teresa et rêvait déjà d’aider les populations démunies de Calcutta.

Qu’apporte-t-elle à la science économique ?

Esther Duflo et les équipes du MIT ont mis au point une nouvelle approche de l’économie du développement non pas basée sur des équations économétriques ou un discours idéologique libéral ou interventionniste, mais basée sur une approche empirique, au plus près du terrain. Une approche qui permet « d’obtenir des réponses fiables sur la meilleure façon de réduire la pauvreté dans le monde », a expliqué l’Académie royale des sciences pour justifier le choix de lauréats. C’est la troisième fois seulement que des économistes du développement sont récompensés.
 

Que proposent-ils concrètement ?

Les quelques 200 chercheurs de leur laboratoire appliquent à la lutte contre la pauvreté la méthode des « essais randomisés contrôlés » ou « évaluation par échantillonnage aléatoire » conduites en médecine. « Par exemple, au Kenya, pour vérifier si un programme de soutien scolaire est efficace, 200 classes ont été choisies au hasard. 100 l’ont mis en place et les 100 autres, non. Et l’équipe du MIT regarde le résultat. Cela permet de répondre à des questions toutes simples, par exemple, celle de savoir si donner un petit déjeuner gratuit à l’école réduit le taux d’absentéisme » a expliqué  Luc Behaghel, chercheur à Paris-Jourdan sciences économiques, à Antoine d’Abbundo, notre journaliste spécialisé.

Esther Duflo a d’ailleurs été choisie en 2013 pour conseiller le président américain Barack Obama. On va donc pouvoir lutter efficacement contre la pauvreté… Pas si vite. Leur méthode est très critiquée, notamment parce que ses expériences ne sont pas nécessairement reproductibles. Les comportements humains répondent à de multiples causes. L’économie n’est pas une science exacte. Par ailleurs, ce sont des expériences très lourdes et coûteuses à mettre en place.

Mais il reste 700 millions de pauvres dans le monde, il y a de quoi faire… Sans compter que le mari d’Esther Duflo a promis de s’attaquer aux « conséquences de la mondialisation (...) qui a durement blessé les gens». Selon lui, «les réponses politiques à la douleur provoquée par la mondialisation ont souvent été insuffisantes, voire erronées». Il se propose de les améliorer.

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