L’idée selon laquelle la crise sanitaire que nous vivons aujourd’hui est le fruit de la mondialisation est une approximation assez facile. Il est faux de dire que les frontières n’existent plus aujourd’hui (même en Europe) et illusoire de penser que ces frontières puissent être complètement hermétiques aux circulations humaines. Par contre, il est certain que la crise sanitaire actuelle révèle les fragilités et les faiblesses structurelles du système économique et des sociétés que nous avons construites.
A l’occasion de cette crise, nous avons pris conscience de la dépendance de notre économie mais aussi du bon fonctionnement de notre système de santé vis-à-vis de la Chine. Mais ne soyons pas hypocrite en faisant semblant de découvrir aujourd’hui que nous avons délocalisé en Chine (et ailleurs) des activités de production, y compris dans l’industrie pharmaceutique. Ce qui est vrai c’est que nous mesurons aujourd’hui l’impact de certaines de ces décisions et que toutes les productions n’ont pas la même valeur. Cette crise doit nous amener à repenser les activités de production que nous souhaitons avoir sur notre territoire et celles que nous sommes prêts à déléguer. Et, la réflexion ne devra pas être cantonnée au seul secteur des médicaments.
En vérité, la réorganisation des chaines de valeur industrielles au niveau mondial a débuté avant la crise sanitaire. Les tensions commerciales (entre les Etats-Unis et la Chine, par exemple) mais également les progrès de l’automatisation et de la robotisation avaient déjà initié cette réorganisation et le rapprochement des activités de production de leur marché. Cela étant, ce phénomène n’est pas un arrêt pur et simple de la mondialisation. C’est un réagencement qui va très probablement s’amplifier à l’issue de la crise. Et, il est crucial que l’Europe le comprenne et que les Européens construisent au niveau continental les chaines de valeur qui répondent à leurs besoins. Ce qui ne veut pas dire que tout devra être produit en Europe, mais que nous soyons clairs sur les dépendances que nous acceptons.
Pour finir, je voudrais rappeler qu’une démondialisation totale n’est ni souhaitable ni possible : il est dans notre nature humaine d’échanger avec nos semblables et la confrontation de nos cultures est une source potentielle d’enrichissement infini. C’est la modalité de cette mise en réseau qu’il nous faut repenser.
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