Quand ça veut pas, ça veut pas. C’est une sale semaine pour l’Europe qui s’achève.
Et, tout d’abord, sur le plan économique. La Cour constitutionnelle allemande a ainsi déclarée partiellement contraire à la constitution allemande le programme de la BCE visant à racheter les dettes des Etats membres de la zone euro pour empêcher que leur taux de financement ne s’envole. Cette décision touffue n’aura pas d’effets immédiatement mais fissure la seule véritable réponse économique que les Européens ont réussi à apporter aux différentes crises auxquelles ils font face depuis plus de 10 ans : leur politique monétaire. Et ce, en pleine tempête économique. Par ailleurs, la Cour de Karslruhe remet en cause un des principes fondamentaux du droit européen : sa primauté sur les droits nationaux. Ce que n’a pas oublié de relever le gouvernement polonais rappelant qu’à ce titre les réformes de son système de justice ne regardaient que lui.
Il est vrai que la Cour allemande met les Européens face à leurs contradictions. Elle rappelle que la politique économique ne peut-être menée par la BCE car elle n’est soumise à aucun contrôle démocratique. Mais était-ce le meilleur moment pour le rappeler ? Après tout la BCE ne fait que pallier l’incapacité des dirigeants européens à s’entendre sur une véritable politique économique commune. Or, l’Europe ne peut se permettre aujourd’hui de n’avoir ni politique économique commune ni les mesures non-conventionnelles de la BCE, alors précisément qu’elle aurait besoin des deux.
La deuxième mauvaise nouvelle : la Commission a confirmé que l’Europe connaissait la pire récession depuis la fin de la 2nde guerre mondiale avec une contraction de quasiment 8% du PIB européen.
Certes, il ne s’agit pas d’une surprise, mais les prévisions que vient de publier la Commission confirment l’ampleur de la crise mais également ses disparités puisque ce sont les pays déjà les plus endettés qui sont parmi les plus touchés.
Or, et c’est la dernière mauvaise nouvelle économique de la semaine, la publication par la Commission de sa proposition de plan de relance a été reportée sine die. Cela confirme que les discussions sont encalminées et que la Commission a beaucoup de mal à faire preuve de leadership politique.
Mais les mauvaises nouvelles ne s’arrêtent pas au champ économique. Sur le plan géopolitique, la semaine n’a pas été fameuse non plus.
Effectivement, et ça se passe en Chine où l’Ambassadeur de l’Union a accepté qu’une tribune qu’il avait signé avec les 27 ambassadeurs européens soit modifiée par le Ministère des Affaires étrangères chinois avant d’être publiée dans le China daily. Certes, les retouches ne concernent qu’un seul passage sur l’origine chinoise du coronavirus. Certes, il ne faut pas exagérer la portée des symboles. Mais, il faut avouer que l’Europe aurait mieux fait d’éviter celui-ci à un moment où elle proclame partout vouloir être géopolitique.
Bref, sale semaine pour l’Europe. Vivement la semaine prochaine
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !