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Taina Tervonen : « La liberté de circuler n’appartient qu'à ceux qui ont un passeport qui ouvre les frontières »
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Taina Tervonen : « La liberté de circuler n’appartient qu'à ceux qui ont un passeport qui ouvre les frontières »

RCF,  -  Modifié le 9 mai 2019
Journaliste de profession, elle s’est donnée comme mission de redonner une identité aux migrants qui trouvent la mort en essayant de venir en Europe.
Vincent Capman - Taina Tervonen Vincent Capman - Taina Tervonen

Le phénomène de migration est décuplé depuis le début de la décennie. Les décisions pour encadrer ses déplacements de population sont souvent très difficiles à appliquer. "La migration est un enjeu politique" explique Taina Tervonen.

Pour elle, il s’agit plutôt "d’un enjeu humain". Avoir un comptage précis du nombre de personnes qui disparaissent en Méditerranée, reste aujourd’hui très compliqué. Les migrants qui tentent la traversée, voyagent le plus souvent avec des faux papiers ou sans. "Toutes les estimations dont on dispose sont probablement des sous-estimations" prévient la journaliste.

Une association anglaise, United,  a essayé de compter le nombre de migrants à partir de plusieurs données. Au bout du compte, elle dénombre 36.000 personnes qui auraient trouvé la mort en tentant de rejoindre l’Europe.

Un livre, une enquête pour donner une identité aux disparus

Tout commence le 15 avril 2018, un vieux bateau bon pour la casse fait naufrage avec à son bord 800 personnes. C’est le point de base de son enquête. Marquée par cette histoire, elle décide d’essayer de retrouver l’identité d’un certain PM390047.
Cette histoire est particulière car "c’est la seule épave qu’un État européen a récupéré au fond de l’eau pour tenter de donner un nom aux victimes". Après les expertises des médecins légistes et des scientifiques, elle est partie au Niger pour essayer de retrouver la famille de PM390047.

Mais malgré ses recherches, elle ne "sait pas qui est PM390047, je ne sais pas si c’est un homme ou une femme. Un portable Nokia jaune en trois morceaux, c’est tout ce qu’on a." Malgré tout, "c’était pour moi l’occasion de revenir à une individualité sur cette question où on parle toujours de masse, de chiffres" explique la journaliste. C’est cette enquête qui est racontée dans son livre intitulé Au pays des disparus paru chez Fayard.

Migration : une situation inégalitaire et dans l’impasse

Mais ce que Taina Tervonen veut dénoncer, c’est surtout l’inégalité des personnes vis-à-vis des déplacements entre les pays. Avec un passeport européen, chaque individu peut circuler librement dans 187 pays "alors qu’avec un passeport sénégalais on est à 59 pays, avec un passeport somalien, irakien ou afghan on peut circuler dans une trentaine de pays" explique-t-elle.

L’argent pour se payer un faux visa est le nerf de la guerre pour la traversée vers l’Europe. Ceux qui n'ont pas l'argent necessaire, sont obligés de passer par des réseaux parallèles. "La liberté de circuler n’appartient qu'à ceux qui ont un passeport qui ouvre les frontières" analyse la journaliste. Si aujourd’hui, les politiques sont dans l’impasse concernant les questions migratoires. Pour Taina Tervonen "On est en train de faire une guerre aux pauvres pour des privilèges qu’on voudrait garder à tout prix".
 

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