Le Père Jean-Baptiste Edart est prêtre de la communauté de l'Emmanuel et recteur de la faculté de théologie de l'Université Catholique de l'Ouest et le Père Matthieu Lefrançois est prêtre du Diocèse d'Angers. Une semaine sur deux ils vous proposeront cette carte blanche depuis l'Anjou.
75 % des métiers qui seront exercés dans 10 ans n’existent pas aujourd’hui parait-il. Lesquels ? J’aurai bien du mal personnellement en à en citer beaucoup, toutefois l’un d’entre eux m’est venu à l’esprit. Je ne connais pas son nom, mais j’en connais l’objectif : mettre fin à la fin des personnes qui déclareront ne plus vouloir vivre. On pourrait lui donner le nom de « suicideur » par exemple, un néologisme très laid, une monstruosité linguistique j’en conviens, comme l’est la réalité qu’il désigne. Pourquoi inventer un beau mot pour une réalité laide ? On n’aurait pu choisir « passeur de vie », « passeur d’âme », mais on perdrait quelque chose à la violence du geste posé. Le « suicideur » n’est pas médecin. D’ailleurs, l’ordre des médecins demande à ce qu’une clause de conscience les protège pour ne pas avoir à tuer leur patient. Ils se souviennent avoir fait le serment de ne jamais empoisonner leur patient. Ceux d’entre eux qui, piétinant leur conscience, oubliant leur serment et niant leur humanité, l’accepteront ne finiront par ne faire plus que cela. Que voulez-vous, je ne pense pas que la demande sera telle qu’ils n’auront plus le temps de faire autre chose, mais, soyons raisonnable. Vous accepteriez de vous faire soigner par un médecin dont vous savez qu’il est capable de vous tuer ? Vous regarderiez toute prescription avec suspicion. Personnellement ce sera hors de question. « Suicideur » ou médecin il faudra choisir. Peut-être le ministre de la santé et des solidarités, nom doublement paradoxal en l’occurrence, sera conduit à ouvrir la possibilité de devenir suicideur au personnel infirmier ? On fait bien faire des avortements par des sages-femmes, alors pourquoi les infirmiers et infirmières ne pourraient faire d’euthanasie ?
Ma parole est acide et ironique, j’en conviens tout à fait, mais il semblerait qu’il faille un acide particulièrement puissant pour que les consciences acceptent d’entendre ce qui devrait être acquis pour tous : tuer un être humain sous prétexte d’humanité est une contradiction dans les termes et augure de notre propre destruction.
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