"Tous les deux, l’homme et sa femme, étaient nus, et ils n’en éprouvaient aucune honte l’un devant l’autre", dit le tout dernier verset du chapitre 2 de la Genèse.* Un chapitre où est décrit le jardin d'Éden et où une parfaite harmonie semble régner entre les êtres vivants. Et surtout, on remarque qu'entre l'homme et la femme il n'y a aucune honte. Ce qui va changer dans le chapitre suivant. Explications de Nicole Fabre.
Comme le rappelle la bibliste, les auteurs du livre de la Genèse sont "des gens qui comme vous et moi", qui probablement ont connu la vie de couple et, on l'imagine, ses difficultés. Ce sont "des gens qui partent de leur réalité qui est la nôtre et qui essaient à la lumière de la révélation de Dieu, de poser ce qui est au cœur de l'humanité".
Ce que les auteurs de la Genèse décrivent, ce n'est pas tant une harmonie parfaite entre l'homme et la femme, ce qui pourrait laisser croire que l'homme et la femme n'éprouvent aucun sentiment négatif : ce dont ils parlent, c'est d'un homme et d'une femme qui se savent faibles, mais qui n'ont pas peur de montrer leurs fragilités à l'autre. Ils nous parlent donc de la confiance et de l'amour. "Et c'est une finesse de vision de découvrir que peut-être, ce qui va être terrifiant, c'est à partir du moment où on refuse sa fragilité, sa vulnérabilité", ajoute Nicole Fabre.
"Le serpent a toujours intrigué parce que c'est le seul animal terrestre qui n'a pas de pattes." Dans toutes les religions, la figure du serpent a été soit divinisée soit diabolisée. Ici, dans le livre de la Genèse, il symbolise le mal.
Il commence par interpréter la parole de Dieu en la déformant. Là où Dieu a dit "vous pouvez manger de tous les arbres sauf un", le serpent tord cette parole. Et dit : «Alors, Dieu vous a vraiment dit : "Vous ne mangerez d’aucun arbre du jardin" ? » (Gn 3, 1)* Dieu n'a pas employé "ne... pas", contrairement à ce que dit le serpent. Cela peut être vu comme un détail mais combien de fois n'essayons-nous pas de nous arranger avec la parole de Dieu ? Il y a là une interpellation à toujours rechercher une plus grande justesse dans l'interprétation des textes.
"L’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas", peut-on lire au chapitre 2. Dans le jardin d'Éden il y a un arbe de vie et un arbre dit de la connaissance du bien et du mal. Lequel met-on au centre ? "Si on met la connaissance au cœur de notre vie, dit la bibliste, - la connaissance financière, le savoir technique, le savoir médical - on est perdus, et on le voit concrètement."
En effet, placer le savoir au centre de notre existence, cela crée immanquablement des inégalités, des séparations entre ceux qui savent ceux qui ne savent pas. En revanche, "si on met la vie au centre, on est tous en droit de parler avec autant de poids et de dignité". Et c'est cela que les Anciens ont voulu dire. "Il me semble que les Anciens ont eu une réflexion d'une finesse extraordinaire !"
* Source : AELF
Émission enregistrée en décembre 2011
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !