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Comment l'Eglise peut-elle surmonter la crise qu'elle traverse ?
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Comment l'Eglise peut-elle surmonter la crise qu'elle traverse ?

RCF Haute-Savoie,  -  Modifié le 24 janvier 2020
Moins de pratiquants et de moyens, révélations d'agressions sexuelles... Comment sortir de cette crise ? Réponses de Véronique Margron, théologienne, et Jean-Luc Pouthier, historien.

Deux invités ont accepté de se prêter au jeu de la discussion Vitamine C les débats, ce jeudi 16 janvier 2020 à la Maison du diocèse d'Annecy. Devant un public de deux cent cinquante personnes. 

> Sœur Véronique Margron, religieuse dominicaine, théologienne spécialiste des questions d’éthique. Elle préside la CORREF, Conférence des religieux et religieuses de France. Dans son ouvrage Un moment de Vérité (Albin Michel, mars 2019), elle analyse sans concession le mécanisme des abus sexuels. Et propose les "12 travaux de l’Eglise". Travaux qui, selon elle, doivent être menés de front, pour sortir par le haut de la situation actuelle.

> Jean-Luc Pouthier est historien, journaliste et enseignant, notamment à Sciences Po et à L'Institut Supérieur de Pastorale Catéchétique. Ancien conseiller culturel à l’Ambassade de France près le Saint-Siège. Il a fondé le Centre d’Etude du Fait Religieux Contemporain. Et collabore au Centre Sèvres, faculté Jésuite.  

Aperçu de leurs propos, à retrouver en intégralité en écoutant ci-dessus le PODCAST de l'émission. 
 

De quelle crise parle-t-on ? 

​L'Eglise vit en ce moment une crise interne, dans un contexte sociétal complexe : sécularisation, questions migratoires, écologiques...
Autres caractéristiques de la situation actuelle : la prise de conscience que c'est tout un système de pensée et d'action qui a favorisé une omerta quant aux affaires pédocriminelles. Ajoutée à une colère des croyants et une mauvaise image de l'Eglise dans la société.

"Face à une crise, soit l'on prend des décisions, soit on se laisse mourir"

"L'Eglise a déjà affronté des crises aussi fortes et profondes dans le passé. La Réforme et la Révolution Française ont touché aussi bien les chrétiens que l'Institution" explique le journaliste et historien. "Ce qui me semble inédit, c'est le caractère globalisé de la crise : elle est touchée en Europe, en Australie, aux Etats-Unis."
"Ce sont les victimes qui souffrent d'abord ! La question, c'est ce que nous faisons de cette colère. Face à une crise, soit l'on prend des décisions, soit on se laisse mourir" lance Véronique Margron. 
 

L’Eglise peut-elle surmonter la crise … ou est-ce celle de trop ?  

"Avec des conséquences plus ou moins heureuses, l'Eglise a déjà su se réformer en profondeur. Par exemple au moment du Concile de Trente, suite à la Réforme" rappelle Jean-Luc Pouthier.
Reste à savoir s'il y a une vraie volonté de changer d'ère. Alors qu'en ce mois de janvier 2020, la parution du livre du Cardinal Sarah met en lumière l'existence d'un très fort courant conservateur dans l'Eglise. 

Vérité et justice : les deux piliers du changement 

"L'opposition entre deux visions de l'Eglise compliquera probablement la sortie de crise. D'autant qu'au niveau mondial, les conservateurs sont les plus nombreux" concède l'historien. "Dans l'Eglise Universelle, il y a à craindre que les crimes sont encore couverts dans beaucoup de lieux" renchérit Véronique Margron.
"Pour sortir de cette crise, il faut des personnes déterminées à l'intérieur. Mais aussi une aide extérieure, pour faire la vérité et faire justice. Ce sont les deux piliers du changement" insiste la théologienne. 
 

Quelles pistes pour sortir de cette situation ?  

"Nous sommes en train, depuis vingt ans, de sortir d'un fonctionnement et de statuts millénaires. Avec toutes les questions que cela engendre" analyse Jean-Luc Pouthier. "Le Droit Canon, le statut exceptionnel du Pape, l'interdiction du concubinage des prêtres, qui leur donne un caractère sacré, date des années 1073, avec le Pape Grégoire VII". L'organisation des communautés autour de paroisses, modèle remis en cause par la baisse des vocations, date quant à lui du Concile de Trente (1545-1563).
Ecouter les victimes, désacraliser la figure du prêtre, revoir l’exercice du pouvoir au sein de l’Eglise, travailler sur les questions d'affectivité et sur la place des femmes... Voilà quelques-uns des "douze travaux de l'Eglise" pour Véronique Margron. 

"Nous pouvons tous nous demander comment être plus libres et lucides"

Des questions qui ne se règleront pas qu'au Vatican ! Pour les deux intervenants, chaque catholique, à son niveau, peut et se doit d'être acteur du changement.
"Ne plus accepter la trahison, le silence, l'omerta, c'est un choix personnel de chaque catholique. Et dans la vie assez ordinaire, sur nos façons de faire, nous pouvons tous nous demander comment être plus libres et lucides. Comment être vraiment tous prêtres, prophètes et rois." conclut Soeur Véronique Margron. 

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