Et si la tristesse méritait qu'on en parle ? Il se trouve que c'est quelqu'un de plutôt souriant qui nous y invite, Emmanuel Godo est l'auteur du livre "Ne fuis pas ta tristesse" (éd. Salvator). Un ouvrage tout en poésie qui réhabilite un sentiment jugé trop fade ; on préfère souvent à la tristesse le romanesque du désespoir ou la poésie de la mélancolie. Mais la vie spirituelle implique de ne pas négliger ce qui se vit en nous.
Il y a la tristesse qui n'accepte pas le temps qui passe. Et celle qui "garde précieusement en nous ce que nous avons de vécu de plus beau". Le poète la compare à "une chandelle", qui aurait marqué aussi bien notre corps que notre âme et notre esprit. Elle "nous dit que tout ne passe pas". "Les choses les plus belles que nous avons vécues se sont déposées en nous, elles ne sont pas perdues."
Parce que sonder un sentiment peut déboucher sur une dimension spirituelle, "la tristesse c'est comme le b.-a. ba de la spiritualité", explique Emmanuel Godo. Selon lui, l'expérience de la tristesse est même "fondamentalement spirituelle".
Un triste sentiment n'a pas nécessairement pour objet de ses lamentations le passé. "Elle est là pour nous dire aussi que nous sommes en mouvement." Pour nous dire que nous avons en nous une attente de quelque chose d'autre qu'elle. Au fond, la tristesse attend d'être chassée. "Elle est là pour disparaître, pour qu'on lui oppose des joies dignes d'elle."
Agrégé de lettres, professeur de littérature en classes préparatoires au lycée Henri-IV à Paris, Emmanuel Godo, chrétien, poète, est l'auteur de plusieurs essais comme "Pourquoi nous battons-nous? 1914-1918: les écrivains face à leur guerre" (Éditions du Cerf), et "La conversation, une utopie de l’éphémère" (éd. PUF).
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