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Affaire Yuriy: la responsabilité éducative des adultes questionnée
Présentée par Jean-Marie Petitclerc UA-161178

© Jgp
Après le tabassage d'un adolescent de 15 ans à Paris, Jean-Marie Petitclerc invite à réfléchir à l'importance de l'éducation envers les jeunes violents.
Voici déjà presqu’un mois, le tabassage de Yuriy, sur la dalle d’un quartier du quinzième arrondissement de Paris, a plongé le pays dans l’effroi. Les agresseurs, arrêtés depuis, sont quasiment tous des adolescents. Et, comme à chaque fait divers violent, l’émotion ressentie conduit à une surenchère, chez les politiques et dans les médias, de propositions d’ordre répressif. Une fois l’émotion retombée, il est bon de prendre un peu de recul pour analyser ce phénomène de "guerre des bandes", aux effets si dévastateurs à l’âge de l’adolescence.
Je ne pense pas que ce phénomène soit nouveau. Au début des années 2000, suite à l’affrontement très violent de bandes, venues de différentes cités de la banlieue ouest de Paris, qui eut lieu en plein cœur du centre commercial de la Défense un samedi après midi, j’avais publié un article que j’avais intitulé "la guerre des boutons, version an 2000". Le fait que des bandes d’adolescents cherchent à s’approprier leur territoire, et viennent attaquer le territoire voisin, existait déjà au temps de Louis Pergaud. Ce qui est nouveau ne réside pas dans ces affrontements, mais dans le déferlement de violence qui va jusqu’à la tentative de meurtre. Ce qui est nouveau, c’est l’absence d’intégration des limites chez ces adolescents, qui se révèlent incapables de maîtriser leur agressivité !
Et là, ne faudrait-il pas voir la responsabilité des adultes ? Car, qui doit transmettre ces limites, si ce n’est tous ceux qui sont appelés à jouer un rôle éducatif ? Il faudrait peut-être également souligner le rôle des écrans, qui sont de véritables destructeurs d’empathie. Car, le problème avec tous ces jeux et videos fondés sur la violence, c’est qu’on ne voit ni la souffrance de la victime, ni celle de son entourage. Enfin, notons l’importance de l’effet de groupe : ce qui compte le plus pour l’adolescent est de tenir sa place dans la bande, sans aucune considération pour la victime.
Ce qui caractérise les images insoutenables de l’agression de Yuriy, c’est le manque total d’empathie de ces jeunes pour cette victime allongée par terre et rouée de coups. Le docteur Berger, un grand nom de la pédopsychiatrie, rappelle que les adolescents ultra-violents ont souvent été victimes eux-mêmes de maltraitances familiales, sans que l’entourage ne réagisse.
Il est paradoxal de voir notre société d’aujourd’hui compatir à la souffrance des jeunes victimes et réclamer de lourdes peines pour les jeunes bourreaux, alors que, si bien sûr toutes les victimes ne deviennent pas bourreaux, malheureusement un bon nombre de jeunes bourreaux sont d’anciennes victimes.
Combien voit-on alors que la prise en compte de la parole des victimes, dès l’enfance, peut constituer un axe fort de la prévention de la violence chez les adolescents ! Souvenons-nous de la rencontre de Don Bosco avec un petit caïd de la banlieue de Turin, ce Michel Magon qui se prétendait général sur son territoire : Don Bosco sut discerner derrière le visage de cet adolescent provocateur la souffrance de l’enfant délaissé. Et il l’accueillit dans l’oeuvre qu’il avait fondée à Turin pour tous ces adolescents déboussolés.
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