L'idéologie de la croissance à tout prix ne séduit plus autant qu’auparavant. Après les différentes crises pétrolières et financières qui ont marqué nos pays occidentaux, le mythe du sacro saint PIB a montré ses limites. On pouvait penser que le bonheur, le bien-être, le bien-vivre, dépendait en grande partie de ces richesses produites. "Comment mesurer le bien-vivre ?", c'est le dossier que publie la revue Projet ce mois-ci.
Ces indicateurs du bien-vivre, qu'on nomme aussi indicateurs alternatifs, sont "des indicateurs nés toujours au départ en critique de ces indicateurs un peu hégémoniques dans nos manière de représenter ce qui compte et ce que sont nos richesse", comme l'explique Florence Jany-Catrice, "au premier rang desquels on trouve le PIB et la croissance économique". En réalité les indicateurs alternatifs sont "aussi vieux que le PIB".
Le lien de cause à effet entre croissance et bonheur n’est pas si évident, ce que des économistes ont théorisé dès les années 70. "Cette époque des années 70 est marquée par toute une réflexion sur déjà les limites écologiques de la croissance, explique Xavier Ricard Lanata, c'est l'époque où on publie le fameux rapport sur les limites de la croissance."
Avec la remise en cause du PIB comme indicateur de bien-être, on constate et on affirme que le bonheur n'est plus l'accumulation d'objets. Et que d'autres critères doivent entrer en ligne de compte, comme le travail bénévole ou encore les enjeux écologiques et environnementaux. Et on a beau employer un langage d'économiste, Xavier Ricard Lanata insiste : la question est culturelle.
On n'a pas tous la même définition du bien-être, et donc du bien-vivre. C'est pourquoi il est nécessaire, selon Patrick Viveret de "se poser la question de ce qui compte et non pas de ce que l'on compte". Une définition qui recouvre dès lors l'air pur dont on a besoin pour respirer, mais aussi l'accès à l'eau potable, une terre agricole qui ne soit pas empoisonnée... Et si on poursuit la réflexion de ce dont l'homme a besoin, on peut aller jusqu'au besoin de reconnaissance, de sens, d'aimer et d'être aimé...
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