Marie Panek interroge chaque semaine l’abbé Jean Mangin, animateur biblique du diocèse de Verdun et bon connaisseur de la terre d’Israël, sur le texte d’évangile lu le dimanche.
Une proposition pour vous préparer à vivre en profondeur votre messe dominicale !
Deuxième dimanche de l’avent (Matthieu 3/1-12).
Billet de l’Abbé Jean Mangin du 04 Descembre 2022
sur le texte d’évangile : (Matthieu 3/1-12).
Voix de Marie Panek enregistrée et mise en onde par Thierry Hurault.
Jéricho fut autrefois pour les Hébreux, la porte d’entrée dans la terre de
Canaan, où les tribus d’Israël pourraient vivre en toute liberté, l’alliance
donnée par Dieu à Moïse après avoir été libérées de l’esclavage d’Egypte.
La ville de Jéricho se présente comme la dernière étape du voyage de
Jésus vers Jérusalem, où va s’accomplir le salut de tous les hommes par sa
mort et sa résurrection. Comme par anticipation, deux hommes
bénéficient déjà de l’offrande de Jésus par amour pour la multitude :
L’aveugle qui mendiait à l’entrée de la ville, retrouve la vue et la lumière
de la foi pour suivre Jésus sur le chemin de la croix et Zachée. Le riche
collecteur d’impôts, bouleversé par la visite de Jésus dans sa vie. Zachée
fait partie de ces publicains qui avaient mauvaise réputation car ils
percevaient l’impôt au profit de l’occupant Romain et passaient pour des
voleurs car ils s’enrichissaient sur le dos des contribuables. Méprisés
rejetés, ils n’étaient pas fréquentables par les bien-pensants. La traversée
de Jésus dans Jéricho suscite en Zachée le désir profond de le voir, non
seulement poussé par la curiosité mais par un désir secret et profond d’un
autre sens à sa vie. Il se sent emprisonné dans cette profession qui
l’enrichit mais qui l’exclut de la vie sociale et religieuse. Sans craindre le
ridicule, il court en avant, comme un enfant et grimpe dans un sycomore
pour voir Jésus car il était de petite taille. En passant à sa hauteur, Jésus
s’arrête et le voit. C’est le regard pénétrant de Jésus, qui est porteur de
tout son amour et discerne le désir caché de Zachée. Jésus poursuit la
rencontre en l’invitant à descendre de son arbre, à quitter sa position de
notable riche et privilégié. Et Jésus s’invite chez lui : « aujourd’hui, il faut
que j’aille demeurer dans ta maison ». Il ne tient pas compte des barrières
sociales et religieuses, Il n’a que faire des reproches de la foule qui
considère son attitude comme scandaleuse et prend place à la table des
pécheurs. Il est venu justement pour manifester et répandre l’amour
miséricordieux de Dieu pour tous les hommes. Sa présence dans la maison
de Zachée inaugure l’aujourd’hui de Dieu, le temps de sa visite qu’il faut
saisir quand elle se présente. En accueillant Jésus dans sa maison, la vie
de Zachée s’en trouve bouleversée. C’est une véritable conversion qu’il
entreprend. Il rend ce qu’il a volé au-delà même de ce que la loi juive
prescrivait et partage encore avec les pauvres. Il n’est pas seulement un
fils d’Abraham selon son appartenance au peuple juif, mais par sa foi en
Jésus, il est objet de la promesse faite à Abraham autrefois. Il manifeste sa
filiation par les œuvres d’Abraham, la conversion et le partage comme le
demandait Jean-Baptiste. La réconciliation de Dieu avec l’humanité
accomplie par le don de Jésus sur la croix touche le cœur de Zachée et
s’offre à toutes celles et ceux qui font de leur vie la demeure de Jésus.
Les versets qui précèdent la parabole de la veuve et du juge, répondent à une question des pharisiens sur la venue du royaume de Dieu. Jésus leur répond qu’il est déjà là, au milieu d’eux. Jésus est en sa personne, par sa parole, ses gestes, ses rencontres, la manifestation de l’action divine dans le monde. Nul ne connaît sinon le Père, le moment de son accomplissement final. Il est donc inutile de faire des pronostics sur la date ou d’interpréter des événements comme l’imminence de sa venue. Elle sera aussi évidente qu’un éclair dans le ciel. L’important est de se trouver prêt au milieu d’une société qui a perdu l’espérance et qui vit dans l’insouciance. Le jugement touchera tout le monde, homme ou femme, au travail comme au repos. Le seul critère retenu, c’est d’avoir fait de sa vie un don par amour. Dans l’attente de ce jour qui paraît tarder, comment ne pas tomber dans l’insouciance?? La parabole de la veuve et du juge donne la réponse. «?Il faut prier sans se décourager?». La veuve est une figure privilégiée de Dieu avec l’orphelin et l’étranger. N’est-il pas le juge de la veuve, le père des orphelins, le soutien de l’étranger, le secours du pauvre?? Même un juge qui ne respecte pas Dieu, ou se moque de ses plaignants finit par répondre aux appels incessants de la veuve pour avoir la paix, a plus forte raison, Dieu le juge par excellence exaucera-t-il la prière des siens avec qui il a engagé sa fidélité. Dans ce contexte, Jésus demande à ses disciples qui s’impatientent aussi devant le retard apparent de la réalisation finale du royaume, de persévérer dans la prière pour que la foi ne s’éteigne pas.
Personne n’est exclu de l’amour de Dieu.
L’Evangile de Luc est construit sur un voyage de Jésus à Jérusalem, Ce n’est pas seulement un itinéraire géographique mais une marche spirituelle vers la ville où convergeaient toutes les tribus d’Israël pour les grandes fêtes au temple. C’est là qu’il va vivre sa passion, sa mort et sa résurrection. C’est à partir de cette ville que les disciples répandront l’Evangile dans le monde entier, animés par le dynamisme de l’Esprit-Saint donné à la Pentecôte. Dans cette montée vers Jérusalem, la Samarie occupe une place particulière. Les habitants, les Samaritains, pour des raisons historiques, étaient considérés par la population de la Judée et de Jérusalem comme des étrangers et des hérétiques, A cause de cette inimitié, les Samaritains avaient refusé d’accueillir Jésus et ses disciples. Sans tenir compte de ces barrières, c’est le lépreux Samaritain qui vient d’être guéri que Jésus met en valeur. Entre temps, c’est le Samaritain de la parabole qui prend soin de l’homme blessé, alors que prêtres et lévites passent en l’ignorant. La volonté de détruire les obstacles est évidente. Dans le texte d’aujourd’hui, dix lépreux viennent à la rencontre de Jésus tout en gardant bien leurs distances pour respecter les lois sociales et religieuses de l’époque pour ne pas contaminer et souiller les gens. Exclus, les lépreux étaient tenus à l’écart des populations. Ils demandent, de loin, à Jésus d’avoir pitié d’eux. Sans faire un geste, Jésus leur ordonne d’aller se montrer aux prêtres. Selon le livre du Lévitique, ils devaient constater la guérison ou la prolongation de la maladie. Les dix lépreux partent avec confiance en la parole de Jésus et c’est en chemin qu’ils ressentent la guérison. Ils étaient unis dans la maladie, l’exclusion, les souffrances. Une fois guéris, la cohésion du groupe éclate. Jésus souligne l’origine de celui qui revient sur ses pas pour rendre grâces à Dieu, se jeter à ses pieds dans une attitude d’adoration?: c’est l’étranger, le Samaritain. Il ne poursuit pas son chemin avec les neuf autres vers les prêtres du temple. Il revient vers Jésus le nouveau temple de Dieu. Il délaisse les institutions religieuses anciennes pour mettre sa foi en Jésus, une foi entière, personnelle qui non seulement le guérit mais le sauve. «?Relève-toi, ta foi t’a sauvé?». La relation à Jésus rétablit le lépreux dans la société. Elle fait tomber l’exclusion qui l’éloignait des autres et de Dieu. N’est-il pas le symbole de tous les hommes sans distinction, qui par la foi en Jésus constitueront la communauté nouvelle de l’Eglise??
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