Le procès de l’ancien prêtre doit s’ouvrir ce 13 janvier devant le tribunal correctionnel de Lyon pour des faits d’agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans.
Après quatre ans d'enquête et près de 30 ans après les derniers faits connus (1991), Bernard Preynat est appelé à comparaître devant le tribunal correctionnel de Lyon pour des faits répétés d’agressions sexuelles sur de jeunes garçons, des scouts du groupe Saint-Luc de Sainte-Foy-lès-Lyon, une troupe créée par le père Preynat lui-même.
L’ancien prêtre est accusé "d’atteintes sexuelles par violence, contrainte, menace ou surprise" commises sur des mineurs de moins de 15 ans, entre le 30 novembre 1986 et le 21 octobre 1991, à Sainte-Foy-lès-Lyon, à Rome et en Irlande. Des faits reconnus par Bernard Preynat en garde à vue.
D’après les témoignages recueillis par l’association La Parole libérée, le nombre de victimes potentielles de Bernard Preynat dépasserait le chiffre de 80. Devant le tribunal, il n’y aura que dix victimes, âgées de 8 à 14 ans à l’époque des faits. Ils ont porté plainte avant la fin du délai de prescription, fixé à l’époque du dépôt de plainte (2015) à l’âge de 38 ans (majorité + 20 ans).
Avec le retentissement de l’affaire Preynat, d’autres victimes ont voulu porter plainte, mais les faits étaient déjà prescrits pour ceux nés avant 1977.
D’autres associations de protection de l’enfance se sont également portées parties civiles au procès, comme Enfance et partage.
Le tribunal a prévu une semaine entière d'audiences, du 13 au 17 janvier 2020. Les deux premiers jours seront consacrés à l'audition des victimes et à l'interrogatoire sur le fond de Bernard Preynat. La matinée de mercredi s'intéressera à la personnalité du prévenu, aujourd'hui âgé de 74 ans. Le reste du procès sera réservé aux plaidoiries des différentes parties.
Ce programme prévisionnel risque d'être perturbé par le mouvement social des avocats contre la réforme du gouvernement concernant leur régime autonome de retraites.
Lundi matin, avant le début du procès, le bâtonnier du Barreau de Lyon Serge Deygas viendra en personne demander le renvoi du procès Preynat en raison du durcissement de la grève. Une décision qui revient in fine au tribunal, qui peut décider de reporter le procès, de le décaler au lendemain, ou tout simplement de refuser la demande des avocats et de maintenir les audiences.
La peine maximale encourue par l’ancien prêtre est de 10 ans d’emprisonnement et 150.000 euros d’amende. La décision du tribunal sera connue dans plusieurs mois, la date du délibéré sera fixée à la fin du procès.
Début 2015, année du dépôt de plainte, Bernard Preynat est le curé de la paroisse Sainte-Claire-entre-Loire-et-Rhins, au Coteau, près de Roanne (Loire), où il est arrivé en 2011. Il est également doyen de plusieurs paroisses alentours depuis 2013.
En mai 2015, plusieurs mois après des signalements d’Alexandre Hezez auprès du diocèse de Lyon, le cardinal Philippe Barbarin signe un décret mettant fin aux missions paroissiales du père Preynat. Le 29 juillet, le prêtre est suspendu par Mgr Barbarin de tout ministère pastoral et de toute activité en contact avec des jeunes. En septembre, la plainte est déposée par les victimes.
Le père Preynat est mis en examen en janvier 2016. Un procès canonique est également ouvert devant le tribunal ecclésiastique du diocèse de Lyon, qui aboutira à son renvoi de l’état clérical le 5 juillet 2019. Depuis cette date, Bernard Preynat n’est plus prêtre, de manière officielle.
Il vit aujourd’hui dans un logement appartenant au diocèse de Lyon, dans le cadre de l’accompagnement prévu par le diocèse de Lyon pour tout prêtre exclu de l’état clérical. Selon l’évêque auxiliaire Mgr Emmanuel Gobilliard, cette mesure pour Bernard Preynat prendra fin au terme de son procès en première instance. Le diocèse ne prend pas en charge les frais d’avocat de l’ancien prêtre.
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