Le 5 octobre 2021 était rendu public le rapport de la Ciase (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église), dit rapport Sauvé. Qu'est-ce qui a changé depuis dans l'Église de France et chez les catholiques ?
Chaque vendredi, le PressClub revient sur les sujets qui ont fait l’actualité dans la semaine. Une heure d’échanges avec des journalistes, invités pour décrypter l’actualité. Ce vendredi 7 octobre 2022, c’est Séverin Husson, rédacteur en chef à La Croix et Sophie de Ravinel, grand reporter au service politique du Figaro, qui étaient à l’antenne pour débattre autour de cette question : les victimes d'abus dans l'Église ont-elles été entendues ?
330.000 victimes depuis 1950. Il y a un an jour pour jour, ce chiffre a permis de mesurer l’ampleur des abus sexuels commis au sein de l’Eglise, grâce au travail de la commission sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase). Un an plus tard, qu’a changé ce rapport dans la vie des victimes, dont certaines ont attendu toute leur vie pour enfin parler ? Réponses de Jean-René Nicoleau, membre du Collectif des victimes de violences sexuelles dans l'Église de Vendée.
Il y a un an jour pour jour, la publication du rapport Sauvé provoquait une onde de choc dans le monde catholique en révélant que 330.000 jeunes ont été victimes de pédophilie par des prêtres ou des laïcs en mission d'Église, depuis les années 50. Un an après, où en est l’Église ? Les victimes ont-elles reçu réparation ? Quelle place l’argent occupe-t-il dans la réparation de ce préjudice ? Et que reste-t-il encore à faire ?
Six mois après sa création, l’Inirr (Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation) a présenté sa composition et son fonctionnement lors d’une conférence de presse ce mercredi 1er juin. Elle a insisté sur le caractère inédit de son travail pour prendre en compte notamment le témoignage de victimes de faits prescris.
Il y a six mois, la publication du rapport Sauvé par la Ciase est venue bousculer l’Église catholique, les fidèles, mais aussi une immense majorité des prêtres qui vivent leur ministère de manière équilibrée, et qui ont été blessés par ce scandale. Leurs parents ont un rôle majeur dans leur écoute.
Cela fait trois mois qu'a été publié le rapport Sauvé. Rapport qui révélait le nombre de victimes d'abus sexuels dans l'Église catholique en France, depuis 1950. Trois mois après, un grand nombre de catholiques parlent encore de colère et de honte. Pour certains, on en parle trop ; pour d'autres au contraire, tout reste à faire...
Ce dimanche 20 mars, c'est la première journée nationale de prière pour les victimes d'abus au sein de l’Église. Une "journée mémorielle" qui avait été décidée par les évêques de France en mars 2021, cinq mois avant la remise du rapport Sauvé.
Alors que la Ciase (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église) vient de publier sa réponse aux critiques de l’Académie catholique, son président, Jean-Marc Sauvé, prend la parole sur RCF. Se sentant personnellement "agressé", il répond, point par point aux critiques de l'Académie. Il déclare qu'elle "a dans le viseur la Conférence des évêques, la Conférence des religieux et le pape François".
Un mois après la publication du rapport Sauvé, RCF lance une série d’émissions spéciales mensuelles pour nourrir la réflexion qui permettra de construire l’Église de demain.
On s’attendait à un choc, on nous y avait même préparés ces derniers jours et le choc est effectivement terrible, face à l’ampleur du phénomène, son caractère systémique. Un choc qui génère énormément d’émotions, qu’on soit catholique pratiquant ou pas, proche ou loin de l’Église. Ces émotions qui nous traversent ce matin ce peut être la désolation, la tristesse, le dégoût, la colère, le découragement, paradoxalement peut être aussi une certaine forme d’apaisement face à la vérité enfin révélée. L’enjeu me semble-t-il, au-delà de ces émotions, c’est comment réagir.
Il y aura un avant et un après le rapport Sauvé. Depuis sa parution, les promesses de l'Église semblent à la hauteur des attentes et de l'ampleur des chiffres révélés. Mais un important travail reste à faire et notamment celui, long et délicat, de l'écoute et de l'accompagnement des victimes. Aujourd'hui, un "défi considérable" attend l'Église.
Il y a un devoir de se laisser touché par ce qu'a dévoilé la Ciase, considèrent certains catholiques. RCF leur donne la parole dans le cadre de sa programmation "Rapport Sauvé : construire l’Église d’après". Si elles ont provoqué la sidération, l'accablement ou la colère, les révélations sur les abus sexuels dans l'Église ont permis de libérer les victimes et incité des fidèles à s'engager. Pour d'autres personnes, chez qui la parole se libère enfin, c'est le début d'une démarche...
Le communiqué commun a été posté ce 10 octobre à la mi-journée sur le blog de la Communauté de l'Emmanuel. Il annonce qu'un accord a été trouvé entre l'Emmanuel et les deux femmes abusées par un prêtre issu de la communauté.
Dans le deuxième épisode du podcast Silence, on crie, Stéphanie Gallet évoque le mal qui est fait à un enfant quand on l’agresse sexuellement, quand on le viole. Un épisode difficile mais qui donne à entendre la réalité de la souffrance des victimes.
« Silence, on crie », le nouveau podcast RCF qui fait entendre la voix de 5 victimes de prêtres et de religieux. Et qui donne la parole à 6 experts de l’enfance, de la pédocriminalité et de l’Église.
Il y a deux ans le Rapport Sauvé venait bouleverser l’église catholique et au-delà. Depuis, quelles sont les avancées, les réponses sur la lutte contre la pédocriminalité ?
Trop peu nombreuses pour Arnaud Gallais, victime dans son enfance et membre de la CIIVISE (Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants).
Il a créé Mouv'Enfants, un mouvement de démocratie participative partant du constat que la volonté politique manque pour lutter contre la pédocriminalité.
Dans un tour de France, la caravane Mouv’Enfant fait un stop à Strasbourg ce vendredi 20 octobre, de 9h à 16h, Salle 10 du Palais de l'Europe, avenue de l'Europe à Strasbourg, un évènement ouvert à tous.
Remis le 5 octobre 2021 par une commission indépendante, le rapport Sauvé faisait état d'un chiffre sidérant : en 70 ans, 216 000 personnes auraient été agressées mineures par des prêtres ou des religieux en France. Au-delà du sombre tableau, le rapport préconisait la voie d'une justice dite "restaurative" pour les victimes d'abus sexuels dans l'Église. Quelques mois plus tard, les autorités ecclésiales françaises mettaient sur pied deux instances d'écoute et de réparation. L'une d'elles a rendu hier un premier bilan de son action.
Plusieurs rassemblements ont eu lieu ce week-end en France devant certains évêchés pour interpeller les évêques sur les abus sexuels au sein de l’Église et la gestion de certains cas. Une mobilisation en écho à l’affaire Santier et pour demander des actes et une Église plus sûre. Alix Huon, membre du collectif "Agir pour notre Église", à l'initiative de cette mobilisation, était l'invitée de la Matinale RCF.
Déflagration, honte, peine infinie, déchirement. Il y a un an le président de la Conférence des évêques de France et moi-même recevions le rapport de la Ciase. À ce moment-là je répondais à Jean Marc Sauvé, à la suite de sa présentation du rapport : "Monsieur le président, peut-on bien recevoir un désastre ?" Non on ne le peut pas, aujourd’hui encore. Je ne le peux pas.
Le rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l'Église et la pandémie sont deux phénomènes qui ont révélé la crise que traverse aujourd'hui l'Église catholique. Si l'institution ecclésiale, vieille de 2000 ans, a connu bien des périodes difficiles, la crise actuelle a quelque chose d'unique : ses raisons internes. Pour la sociologue des religions, Danièle Hervieu-Léger, il s'agit d'une crise de pouvoir interne, ce qui la rend d'autant plus redoutable.
Ce mercredi à Lourdes, ont été entendus les responsables des nouvelles instances créées pour lutter contre les violences sexuelles dans l’Église. Ses responsables ont été invités à faire un premier bilan devant les évêques réunis pour leur assemblée plénière de printemps. Par exemple, 526 personnes victimes d'abus se sont manifestées auprès de l'Inirr, l’Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr).
Du 5 au 8 avril, les évêques de France sont réunis à Lourdes pour leur assemblée plénière de printemps. La lutte contre les abus sexuels dans l'Église figure parmi les sujets à l'ordre du jour. Près de six mois après la remise du rapport Sauvé et l'annonce, lors de leur assemblée d'automne, de mesures fortes, ils doivent évaluer ce qui a été mis en œuvre.
Figure de la lutte contre les abus sexuels dans l’Église, Jean-Luc Souveton, prêtre du diocèse de Saint-Étienne, a lui-même été victime d’abus. Interrogé par Étienne Pépin, il réagit aux critiques de l’Académie catholique à l'égard de la Ciase et de la CEF. Selon lui la dimension systémique des abus dans l'Église est au cœur du travail de la Ciase et sa reconnaissance par les évêques lui a "donné confiance".
L’épiscopat français a "le soutien du pape" dans ses résolutions contre la pédophilie. Est-ce à dire que le pape lui-même reconnaît la responsabilité institutionnelle de l'Église au sujet des abus sexuels ainsi que le caractère systémique, comme l'ont fait les évêques de France à Lourdes ? Ce lundi 13 décembre, il a affirmé en tout cas qu'il était "d’accord, sur le principe" pour recevoir des membres de la Ciase.
Y a-t-il un problème au Vatican avec le rapport Sauvé ? Ce lundi 13 décembre, nul doute qu'il est au centre de la rencontre entre le pape François et la présidence des évêques de France. Rapport qui suscite des doutes au Vatican, alors qu’en France les évêques sont allés dans le sens de ses préconisations, en reconnaissant notamment le caractère systémique et la responsabilité institutionnelle de l'Église.
Fin novembre, huit membres de l’Académie catholique de France ont transmis au Pape un texte critique sur le rapport de la CIASE.
Largement médiatisée, cette lettre a provoqué la démission de nombreux membres de cette institution.
Jean-Yves Naudet, professeur d'économie honoraire à l'Université d'Aix-Marseille et membre de l’Académie exprime également son malaise.