Frédéric Bizard : "Il faut dérembourser un certain nombre de médicaments"
Depuis 25 ans, l’Assurance maladie "n'a pas retrouvé l'équilibre", provoquant "l'accumulation d'une dette sociale considérable". Si Frédéric Bizard partage l’introduction alarmiste du rapport de la Cour des Comptes concernant l’avenir de l’Assurance maladie, son adhésion s’arrête là : "Je ne partage pas l’idéologie sous-jacente du rapport qui dépasse les compétences de la Cour. Ils font les mêmes recommandations depuis une vingtaine d’années." L'économiste spécialiste des questions de santé et de protection sociale défend la nécessité de réformer en profondeur le système de santé.
Vers un nouveau système de santé
Avec le vieillissement de la population, Frédéric Bizard explique que le système "de pathologie aigue" jusqu'ici en vigeur est devenu "un système de pathologie chronique. Il faut passer une autre phase." Pour lui, le système doit prioritairement se concentrer sur "l'accès à la santé et s’occuper des personnes bien portantes avant qu'elles ne soient atteintes."
"Il faut repenser un vrai système de démocratie sanitaire"
Il dénonce le manque de gouvernance de l'assurance maladie."L'ARS (Agence Régionale de Santé) met en place des actions sans aucune coordination et les spécialités de santé publiques sont totalement délaissées. L'Etat ne joue absolument pas son rôle", fustige-t-il. Actuellement, l'Etat via le Parlement tient les cordons de la bourse des hôpitaux, tandis que l'Assurance maladie est réservée pour la médecine de ville. Alors que la Cour des Comptes propose la création d'une Agence nationale de santé, gérée par l'Etat, Frédéric Bizard préfère quant à lui "repenser un vrai système de démocratie sanitaire" et "placer le citoyen bien portant avec les professionnels de santé au coeur de la gouvernance."
Mettre les moyens
S'opposant à la "fonctionnarisation" du secteur comme semble préconiser selon lui la Cour des Comptes, l'économiste craint les travers d'un système "à l'anglaise". Il préfère l'idée de "réinventer un système d'objectifs et de moyens." "Les frais médicaux ne représentent que le 9ème budget de dépense du pays par habitant, mais on dépense mal." Il déplore que "la Cour des comptes ne di[se] pas un mot sur la jungle des complémentaires santé qui, pour le coup, sont sur une rente."
"Il faut une vision politique en matière de santé"
D'après Frédéric Bizard, les déserts médicaux sont la conséquence de la pénurie causée par le gouvernement dans les années 1970 qui a dépensé "des milliards" pour faire s'arrêter les médecins plus tôt.
Réformer les professionnels de santé
Le manque de reconnaissance des praticiens serait aussi notamment due au manque de vision d'ensemble du secteur. "Il faut reconnaître les professionels de santé et les inciter à se réformer", affirme-t-il.
Quant à la lutte contre la hausse des prix des médicaments tels qu'évoqués par la Cour des comptes, Frédéric Bizard prévoit de "prioriser les innovations", de "dérembourser un certain nombre de médicaments, et "faire monter la part de génériques et d’innovation."
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