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Yémen, la guerre oubliée
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Yémen, la guerre oubliée

Un article rédigé par Blaise Fayolle - RCF,  -  Modifié le 6 septembre 2016
Face à la poursuite des bombardements au Yémen, Médecins du Monde a décidé mardi 6 septembre d'évacuer son personnel du pays. Les précisions du Dr Jean-François Corty de MDM.
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Depuis la suspension des négociations de paix de l'ONU le 6 août, les combats font rage et la situation se dégrade au Yémen. Les affrontements entre les forces progouvernementales soutenues par une coalition arabe et emmenée par l'Arabie Saoudite ; et les rebelles Houthis appuyés par l'Iran, loin de se tarir, ne font que s'envenimer. Ils se concentrent sur la riche région pétrolière à l'est de la capitale, Sanaa. Les raids aériens sont quotidiens et la population civile en est la première victime. L'intensité de la violence est telle que Médecins du Monde a pris la décision d’évacuer son personnel mardi 6 septembre. Le Dr Jean-François Corty, directeur des Opérations internationales à MDM, donne des précisions quant à cette décision.

"80% de la population a besoin d'aide humanitaire"

"L'insécurité alimentaire majeure touche la moitié des 28 millions de personnes présentes au Yémen", débute le Dr Corty. Il poursuit : "On compte également 2,5 millions de déplacés et des dizaines de centres de santé et d'écoles détruits. 80% de la population a besoin d'une aide d'urgence, mais il est particulièrement difficile de leur apporter."  Jean-François Corty ajoute : "Le Yémen demeure l'un des pays les plus pauvres au monde, où l'accès à l'eau n'est pas assuré partout et où la production alimentaire ne permet pas l'autonomie du pays. La population doit d'ailleurs faire face à une importante malnutrition."

Sur place, Médecins du Monde organisait la distribution de médicaments et prodiguait des soins. "Mais à cause de la hausse des bombardements de la coalition menée par l'Arabie Saoudite, et des blocages politiques, nous avons décidé de suspendre notre intervention et d'évacuer nos équipes", tranche le Dr Corty. "Notre personnel a quitté le pays et les équipes yéménites présentes sur place ont ordre de ne pas sortir", précise-t-il. "Nous attendons un arrêt des bombardements pour retourner sur place", abonde Jean-François Corty.

"Un conflit dans l'indifférence générale"

"Les civils paient un lourd tribut dans cette guerre", continue le médecin. "Ils subissent les bombardements et les blocus de marchandises. Les lieux de soins ne sont pas sécurisés et donc sont régulièrement touchés par les frappes militaires", décrit-il. Les demandes de Médecins du Monde à la France et l'Europe ? "Des discussions plus poussées sur la situation dans le pays", soutient Jean-François Corty. Il complète : "Nous avons l'impression que ce conflit se déroule dans l'indifférence générale. La non-intervention constitue un choix politique de la part de la communauté internationale, même si certains pays nordiques militent pour un débat sur le sujet à l'ONU". "La France possède des liens, notamment économiques, très forts avec l'Arabie Saoudite. Nous devons être conscients de la situation au Yémen, et conscients que l'Arabie Saoudite ne respecte pas le droit international", s'indigne le Dr Corty.

"Pour que Médecins du Monde retourne sur le terrain, il faut un accès sans risque pour les humanitaires. Cela concerne toutes les ONG. Nous demandons donc un cessez-le-feu immédiat et la reprises des négociations diplomatiques", achève Jean-François Corty.

L'intégrale des propos de Jean-François Corty, interrogé par Christian Vadon

 

 

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