Les quelque 10.000 lycéens réunis à Lourdes depuis dimanche prennent sur leur temps de vacances pour participer au Frat 2023. Un rassemblement proposé par les évêques d'Île-de-France depuis... 1908 ! Le secret du succès du Frat est simple, il tient en trois mots : prière, rencontre, chant.
10.000 jeunes sont rassemblés à Lourdes du 23 au 28 avril pour le traditionnel rassemblement du Frat. Au programme : prier, se rencontrer, chanter. La formule est simple mais elle fonctionne. À une époque de crise sociale et écologique, le thème choisi n’a pas été choisi par hasard : "N’ayez pas peur". Un encouragement qui traverse la Bible et l’histoire de l’Église.
Les lycéens d’aujourd’hui "sont très marqués par des angoisses de fond", relève le Père Gaultier de Chaillé, responsable du Frat 2023. Par-dessus tout, ils souffrent d’éco-anxiété. L’écologie et le devenir de la planète c’est "la grande angoisse qui les habite beaucoup". "Ils sont très sensibles à leur propre engagement pour maintenir une vie ici-bas." Et dans ce climat social tendu, les jeunes ne sont pas insensibles aux préoccupations des adultes sur les retraites ou la fin de vie. "Ils essaient de s’y intéresser mais ils n’y arrivent pas toujours. Finalement c’est un champ assez affectif qui vient les toucher…"
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"N’ayez pas peur" : le thème du Frat 2023 n'a pas donc pas été choisi par hasard. L'expression résonne particulièrement aux oreilles de la génération Jean-Paul II : c’est par cet encouragement que le pape polonais inaugurait son pontificat en pleine guerre froide, en 1978. Dans l’évangile Jésus lui-même l’adresse à ses disciples après la résurrection et Dieu ne cesse de la redire à son peuple tout au long de l’Ancien Testament. L’injonction traverse donc l’histoire du christianisme. Elle vient aujourd’hui "vient rejoindre les jeunes dans ce qu’ils ont de plus profond été de plus ténébreux", observe père Gaultier de Chaillé, prêtre du diocèse de Versailles.
Au programme du Frat, des rencontres avec des "témoins" qui vont eux-mêmes raconter "comment ils vivent de manière ordinaire des peurs qui viennent sur eux". Influenceurs, prêtres, religieux et religieuses, chefs d’entreprise et "témoins du quotidien" feront part des "ressorts qui leur permettent d’aller plus loin et de ne pas se laisser terrassé par les angoisses et les inquiétudes", décrit Gaultier de Chaillé.
Parmi les témoins du Frat, l’influenceur chrétien Victor Dubois de Montreynaud, alias "Le catho de service", Frère Benjamin Dewitte, prêtre et chanteur, suivi par plus de 3.000 personnes sur TikTok, Sœur Catherine Thiercelin, qui joue dans le film de Gad Elmaleh, "Reste un peu"… Et aussi des membres d’associations comme Le Rocher Oasis des Cités et Aux Captifs, la libération.
La pédagogie du Frat c’est de conduire les lycéens de la peur "à la crainte". "Vous savez, explique Gaultier de Chaillé, dans la théologie, on parle de crainte de Dieu, qui n’est pas une manière d’avoir peur de Dieu mais une manière de se tenir face à." L’objectif de ce rassemblement est de permettre aux jeunes de dépasser une peur "qui enferme sur soi ou qui amène à la fuite". Et, selon le responsable du Frat 2023, de "craindre" ou "respecter" les "défis graves et importants" de notre monde. "Notre but, c’est qu’en repartant du Frat, ils se disent : Mais moi aussi je peux changer le monde !"
Nul doute que le Frat sera également "une bouffée d’oxygène" pour les générations précédentes. Voir "10.000 jeunes en train de crier leur foi" à Lourdes et qui consacre quelques jours de leurs vacances pour "venir se recueillir" dans la cité mariale, cela peut redonner espoirs aux adultes. "Parce qu’on se rend compte qu’il y a là de la vie !"
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