Touchés par une sécheresse précoce, une vingtaine de départements ont déjà entrepris des restrictions d'eau. Un phénomène qui devrait s'amplifier avec les fortes chaleurs de l'été.
Comme un paradoxe, qui en dit long sur la situation de l'eau en France. Malgré des pluies abondantes en début de semaine, la majeure partie du Gard vient d'être placée, mercredi 24 mai, en état de crise sécheresse. Un régime qui implique des contraintes pour les habitants. "Ces restrictions servent à garantir une bonne répartition de l'eau entre ses différents usages, explique Nathalie Davoisne, responsable du pôle études et médias au Centre d'information sur l'eau (CIEAU). Si le niveau des nappes phréatiques baisse de façon critique, le préfet décide de prendre des mesures".
Si le niveau des nappes phréatiques baisse de façon critique, le préfet décide de prendre des mesures
Avant le l'état de crise, dans lequel est passé le Gard, des dispositifs moins coercitifs sont d'abord mis en place. "En premier lieu, on passe en vigilance, c'est-à-dire qu'on invite les usagers à faire attention à l'eau, développe l'experte. Il y a ensuite trois seuils d'alerte. L'état d'alerte, qui signifie des restrictions d'eau limitées dans la journée : par exemple, arroser son jardin à certaines heures. Ensuite, il y a l'état d'alerte renforcée, le même dispositif mais avec plus d'ampleur". Si cela ne suffit pas, l'état de crise est décidé. "C'est la cas des Pyrénées-Orientales", prend en exemple Nathalie Davoisne. Début mai, la majeure partie de ce département - le plus touché par la sécheresse précoce - fut le quatrième à passer au niveau de crise. À ce jour, une vingtaine de départements sont en état d'alerte, simple ou renforcée.
Le confort du libre accès à l'eau potable par la magie du robinet ne doit pas faire oublier que la situation est critique. "En France, on a la chance d'avoir une eau potable livrée à domicile vingt-quatre heures sur vingt-quatre et, tant que le robinet coule, on ne se pose pas vraiment de questions", pointe Nathalie Davoisne. "Or aujourd'hui, on voit bien que la France est touchée à son tour par ce phénomène de réchauffement climatique". En 2023, les restrictions d'eau sont plus massives et plus précoces que l'an dernier. C'est pourquoi la spécialiste invite à "changer notre rapport à l'eau". Sans pleurs ni grincements de dents, mais en ayant en tête l'importance de l'enjeu. "Il n'est pas question de renoncer à son confort, mais simplement de penser l'eau autrement, appuie-t-elle. D'entrer dans un cercle vertueux de bonnes pratiques". Les petits gestes sont l'affaire de tous et à la portée de chacun.
Il n'est pas question de renoncer à son confort, mais simplement de penser l'eau autrement
Au-delà des bonnes pratiques individuelles, comment le service public de l'eau peut-il s'adapter à la nouvelle donne ? Nathalie Davoisne évoque "la réutilisation des eaux usées traitées". De plus en plus envisagée, cette technique consiste à réutiliser directement l'eau qui sort des stations d'épuration après avoir été consommée et traitée. Sans passage par son milieu naturel, donc. "On peut ainsi prévoir une deuxième vie pour ces eaux usées", soutient-elle. Alors que la France a du retard dans ce domaine, cette piste fait partie du "plan eau" présenté par Emmanuel Macron fin mars. Le président avait annoncé un objectif de 10% de réutilisation d'eaux usées d'ici 2030, quand 1% de ces eaux sont aujourd'hui réemployées. Entre autres mesures, il avait également évoqué la mise en place d'une "EcoWatt" de l'eau, "pour que chaque Français, chaque agriculteur, chaque maire, chaque chef d'entreprise puisse connaître les gestes adaptés de manière très transparente et l'évolution de la situation".
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