Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a annoncé, le 1er mars, un cessez-le-feu avec la Turquie. Une décision historique après 40 ans de lutte armée. Décryptage de la situation, de ce que représente le PKK aujourd’hui et de ce que signifierait sa dissolution à l’échelle de la région avec Adel Bakawan, directeur de l’Institut européen d’études sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
Le Parti des travailleurs du Kurdistan, le PKK, a été fondé en 1978 par Abdullah Ocalan. Son projet initial était de créer un état kurde unifié sur l'ensemble du territoire du Kurdistan qui couvre une partie de la Turquie, de la Syrie, de l'Irak et de l'Iran.
Le cessez-le-feu marque un événement historique d’une part pour la Turquie et d’autre pour la question kurde au Moyen-Orient car le PKK s’y est enraciné. Dans son appel au cessez-le-feu, le président et fondateur du PKK, Abdullah Ocalan précise que "la question d’un État kurde, d’une entité kurde, d’une fédération ou confédération et même d’une décentralisation ne règle absolument pas la question kurde."
Le fait que le chef, le pape de ce mouvement, de cette mouvance de la gauche radicale déclare l'abandon de la lutte armée, mais aussi la dissolution du PKK, c'est tout simplement un moment historique.
Pour Adel Bakawan, le directeur de l’Institut européen d’études sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord : "le fait que le chef, le pape de ce mouvement, de cette mouvance de la gauche radicale déclare l'abandon de la lutte armée, mais aussi la dissolution du PKK, c'est tout simplement un moment historique."
Malgré l’annonce du cessez-le-feu et de l’appel d’une dissolution par Abdullah Ocalan, le PKK se trouve au sommet de sa puissance. Le spécialiste du Moyen-Orient explique que "le PKK a déjà deux alliances en ce moment, avec deux puissances l’une internationale, les Etats-Unis d’Amérique en Syrie et l’autre au Moyen-Orient, la République islamique d’Iran. Grâce à ces deux alliances, le PKK est très fort, très puissant."
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait initié le dialogue avec le leader historique du PKK. Il a qualifié l'appel lancé par ce dernier “d'opportunité historique afin de détruire le mur de la terreur et a promis de veiller de près à ce que le processus engagé soit mené à bien.” En effet, la Turquie d'Erdogan a grandement besoin de cette pacification avec le PKK et de la question kurde.
Au moment où la Turquie souhaite façonner la recomposition du Moyen-Orient, elle ne doit pas laisser des excuses pour que les puissances régionales et internationales interviennent dans la gestion de ses affaires internes.
Adel Bakawan souligne les deux raisons principales de cette pacification. D'abord il s’agit d’une raison géopolitique et moyen-orientale : "Depuis la chute de Bachar el-Assad, la Turquie remplit le vide laissée par la République islamique d'Iran et son axe de la résistance. Au moment où la Turquie souhaite façonner la recomposition du Moyen-Orient, elle ne doit pas laisser des excuses pour que les puissances régionales et internationales interviennent dans la gestion de ses affaires internes."
C'est la seule solution pour que tous les citoyens aient accès à ces droits. Autrement dit, c'est la démocratie qui remplace le projet de la kurdicité.
D’autre part, il s’agit d’une raison politique. Recep Tayyip Erdogan cherche à modifier la constitution pour qu’il puisse se représenter à nouveau. Le directeur de l'Institut explique que pour que cela se fasse, le président turc a "absolument besoin de la voix kurde et du vote kurde, ce qui aura des répercussions à la fois dans le cessez-le-feu pour la Syrie, pour l’Irak, pour la Turquie et pour le projet kurde." Le spécialiste du Moyen-Orient souligne que la question kurde est une question démocratique. "C'est la seule solution pour que tous les citoyens aient accès à ces droits. Autrement dit, c'est la démocratie qui remplace le projet de la kurdicité."
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