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Accompagnement des enfants en situation de handicap intellectuel : “Une réalité inacceptable”

Un article rédigé par Cécile Pollart - RCF Côtes d'Armor, le 5 septembre 2024 - Modifié le 6 septembre 2024
Journal régional de 7hL'Adapei 35 alerte sur le manque de place en structures spécialisées

En cette rentrée scolaire, les difficultés sont nombreuses pour les familles d’enfants atteints d’un handicap intellectuel ou d’un trouble du neurodéveloppement. En Ille-et-Vilaine, 900 enfants attendent une place dans un institut-médico-éducatif (IME), une situation tendue que nous explique Catherine Lechevallier, la présidente de l’Adapei 35, association de familles et de proches de personnes en situation de handicap. 

Photo de Aaron Burden sur UnsplashPhoto de Aaron Burden sur Unsplash

Avec la campagne "J'ai pas école", l'Adapei d'Ille-et-Vilaine alerte : en juin, elle a étudié 7 IME, instituts médico-éducatifs. Dans ces établissements, plus de 82 % des enfants bénéficiaient de moins de 6 heures de scolarisation par semaine.

RCF : Expliquez-nous ce chiffre.

Catherine Lechevallier : Les enfants qui sont accueillis en IME, qui sont atteints de ce qu'on appelle les troubles neurodéveloppementaux, qui intègrent aussi bien la déficience intellectuelle mais aussi les troubles du spectre de l’autisme et du polyhandicap, ils vont être accueillis tous les jours de la semaine en IME, mais ne bénéficieront que de quelques heures d’accompagnement pédagogique par un éducateur qui est mis à disposition par l'Éducation nationale. Ca peut tout à fait correspondre à son besoin parce que s'il est en IME, c'est qu'a priori, il n'avait pas toutes les possibilités de suivre une scolarité complète. Ce qui est beaucoup plus inquiétant, ce sont les enfants pour lesquels une orientation en IME a été prononcée par une commission des droits, et cet enfant reste à l’école, soit quelques heures, soit plus longtemps avec une AESH, mais sans pour autant qu'on réponde à ses besoins éducatifs. 

RCF : Quels sont les besoins de ces enfants ?

CL : Un enfant qui présente un trouble neurodéveloppemental associée à une déficience intellectuelle, qui a des difficultés à rentrer dans l'apprentissage, a des besoins sur le plan paramédical, de l’ergothérapie, de la psychomotricité, de l'orthophonie , de manière à pouvoir lui donner des moyens de communiquer et de travailler son autonomie. Certains pourront peut-être accéder à l’écriture, mais la majorité non. Pour ceux-là l’école n’est pas la solution.

RCF : En Ille-et-Vilaine, 900 enfants sont en attente d’une place dans un institut médico-éducatif

CL : Oui et pour eux, on fait des scolarités qui ressemblent plus à des garderies puisqu'on va leur donner la possibilité de rester à l'école avec une AESH à temps plein alors que leurs places seraient en IME, et dans le même temps, d'autres enfants qui ont un droit AESH ouvert ne vont pas avoir le nombre d'heures suffisant alors que eux seraient en possibilité d'apprendre, je pense à tous les troubles DYS, dyspraxie dyslexie, etc.

Mais comme on mobilise des AESH sur des enfants qui n'ont pas forcément la solution dans l'école, qui ne sont pas dans la transmission des savoirs, qui mériteraient de pouvoir être accueillis en IME, on est en train de dévoyer des systèmes qui avaient pourtant été très bien pensés.

Beaucoup de choses ont été faites, et je ne veux vraiment pas jeter la pierre sur l’école, mais malheureusement on est envahis par le nombre. Les choses ont été bien pensées, mais pas assez quantitativement. Je vous donne un exemple, une petite fille qui avait une orientation IME, qui est arrivée en 6e avec une AESH à temps plein alors qu'elle avait un niveau cours préparatoire. 

RCF : Quelles sont les répercussions sur ces enfants ?

CL : En tant que parents, on a tous entendu dire la valeur de la prise en charge précoce pour prévenir les situations. Un enfant qui présente le même handicap qu'un autre, s'il a deux environnements différents, un environnement stimulant qui répond ses besoins par rapport à un autre qui n'a pas ce type d'environnement, on verra à l'adolescence, à l'âge adulte, comment en matière d'autonomie il y a un grand fossé. Les parents sont meurtris par rapport à ça. On leur dit qu’il faut absolument agir précocement mais quand ils se présentent dans les services qui pourraient apporter une réponse aux besoins particuliers de leurs enfants, il y a des listes d'attente. On vous dit : “il faut attendre deux ans ou trois ans”. N'importe quel parent ne supporterait pas ça ! 

RCF : Les parents vous partagent leur sentiment d’abandon ?

On est dans une société qui prône l’égalité homme-femme, et il y a quand même des situations qui font que certaines mamans ne peuvent plus travailler en journée parce que leur enfant n'a que 3 heures d’accueil à l’école, et n’a pas de place en IME. Ou alors elles travaillent la nuit pour être la journée avec leur enfant en situation de handicap. Personne ne se soucie de ça ! Ca entraîne forcément aussi une forme de paupérisation par rapport à ces familles puisque le salaire de la maman n'existe plus. On est dans une société de paradoxe.  Et qu’est-ce que ça veut dire d’accueillir un enfant trois heures à l’école ?

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