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3 ans de travail, des centaines d'heures de réflexion et de prière, des dizaines de milliers de contributions. Ce week-end s'est achevé le synode sur l'avenir de l'Église catholique. Depuis 2021, ce synode, aussi appelé "synode sur la synodalité", explore les grands enjeux auxquels l'Église est confrontée. Les diocèses du monde entier ont été consultés, et des assemblées continentales ont eu lieu. À la fin, pas de révolution, mais quelques évolutions notables. Décryptage avec la soeur Nathalie Becquart, sous-secrétaire du synode sur la synodalité.
La presse parle peu de la fin de ces trois ans de travaux, mais elle relève une avancée sur la question de la place de la femme au sein de l'Église.
Le cœur de l’expérience synodale est de se mettre à l’écoute des acteurs de l'Église, de s’ouvrir au débat et à la discussion. Pour Nathalie Becquart, l'organisatrice du synode, c’est la première fois qu'autant de personnes se sont senties écoutées, qu’elles ont pu faire entendre leur voix. "Les membres qui ont participé aux deux sessions ont fait une expérience incroyable qui a fortifié la fraternité entre nous, l’écoute mutuelle et le discernement." On assiste à un changement en profondeur, selon Sœur Nathalie Becquart, vers une Église davantage à l’écoute et plus ouverte. Durant un mois, des délégués évêques et non-évêques du monde entier ont rapporté leurs réalités, les situations de crise, de violence et de guerre qu’ils vivent dans leurs régions.
Tout le monde doit être acteur de ce changement pour devenir davantage une Église synodale, au service de la mission.
Ce qu'il faut retenir du synode, c’est ce qui se passe dans les communautés chrétiennes, précise la sous-secrétaire du synode. "Tout le monde doit être acteur de ce changement pour devenir davantage une Église synodale, au service de la mission. Une Église où personne ne décide tout seul, où tous sont acteurs, tous les baptisés prennent conscience qu’ils ont un rôle à jouer." L’important, selon Nathalie Becquart, c’est de prendre conscience qu’on est appelé à être une Église relationnelle. La diversité de perspectives que cela apporte est une grande richesse et nous aide à avoir un regard plus ajusté, poursuit Sœur Nathalie. "Il y a un très grand enjeu aussi à impliquer les jeunes dans la gouvernance de l'Église. On a un paragraphe spécial qui leur est consacré, on leur demande d’être ces missionnaires de la synodalité. Ce synode est un fruit du Synode des Jeunes de 2018 durant lequel on a compris qu’ils veulent être écoutés."
Parmi les grandes orientation du synode, le désir profond d'une Église plus œcuménique. "L'Église est très diverse, mais chacun la regarde à partir de ses petites lunettes de sa paroisse, de son diocèse ou de son pays. Mais là, on est dans un chemin d’une Église qui est partout dans le monde." Selon Nathalie Becquart, la synodalité est une école de l’écoute mutuelle, du discernement, et de la prise en compte de chacun et de leurs rôles différenciés. La sous-secrétaire du synode des évêques décrit le synode comme un chemin pour rester fidèle à ce qu’est l'Église depuis l’origine, mais dans un contexte qui a changé et qui présente des défis face auxquels on doit agir ensemble.
Passer deux fois un mois ensemble, ça a tissé beaucoup de liens et je pense que cela va porter ses fruits sur le terrain, dans les diocèses et les paroisses pour que l’on se rapproche davantage avec les autres chrétiens.
Sur le chemin vers l’unité des chrétiens, le synode a permis d’entrer dans une nouvelle étape, souligne Nathalie Becquart. La sous-secrétaire du synode était en relation avec les 16 représentants de toutes les autres églises durant l'assemblée. "Passer deux fois un mois ensemble, ça a tissé beaucoup de liens et je pense que cela va porter ses fruits sur le terrain, dans les diocèses et les paroisses pour que l’on se rapproche davantage avec les autres chrétiens." Nathalie Becquart invite à aller plus loin en se formant à la connaissance mutuelle des différentes églises et communautés chrétiennes. Une date commune pour la célébration de Pâques a notamment été définie pour 2025, et il faut que ces initiatives continuent, conclut Sœur Nathalie Becquart.
L'Église est le fruit d’une culture façonnée durant des siècles, les changements ne peuvent pas être immédiats, explique Nathalie Becquart. Le synode a envoyé un message clair à travers lequel il reconnaît l’égale dignité entre les hommes et les femmes, poursuit la sous-secrétaire du synode des évêques. "L’inégalité homme-femme ne fait pas partie du dessein de Dieu, rien n’empêche que les femmes aient des postes de responsabilité dans l'Église, il y a déjà plein de possibilités qui ne sont pas mises en œuvre. On a hérité sur le terrain d’une culture patriarcale depuis des siècles."
Il y a déjà énormément de rôles qui ne demandent pas l’ordination, c’est là qu’il faut avancer. Vous aurez toujours un meilleur discernement quand vous croisez les regards hommes-femmes
Réformée par la Praedicate Evangelium (constitution apostolique) en 2022, la curie romaine est appelée à être au service du pape et des conférences épiscopales, afin d’exercer sa mission en étant davantage dans le dialogue. Ces discussions doivent inclure les femmes, selon Nathalie Becquart, et les impliquer dans tous les organes et processus de décision et de gouvernance. "La question du diaconat va continuer à faire l’objet d’études, de discussions et de discernement. Il y a déjà énormément de rôles qui ne demandent pas l’ordination, c’est là qu’il faut avancer. Vous aurez toujours un meilleur discernement quand vous croisez les regards hommes-femmes," conclut Sœur Nathalie Becquart.
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