Le projet de loi sur l’alimentation sera bien présenté demain en Conseil des ministres. Un texte très attendu par les différents protagonistes de la filière française.
Le président de la République l’avait confirmé jeudi dernier, lors de ses vœux au monde agricole à Saint-Genès-Champanelle dans le Puy-de-Dôme. Un texte très attendu par les principaux acteurs du secteur. En présentant ses voeux au monde rural jeudi dernier, le président de la République a choisi d'afficher son soutien à une profession au bord de l’asphyxie.
Selon la MSA, la sécurité sociale des agriculteurs, 30 % des agriculteurs ont eu en 2016 un revenu inférieur à 350 euros par mois. L’idée de ce projet de loi, c’est justement de rétablir l’équilibre dans les relations commerciales entre producteurs, distributeurs et transformateurs. L’objectif de cette loi est de permettre aux agriculteurs de renverser la construction du prix en partant des coûts de production, ce qui devrait redonner un peu d’oxygène aux agriculteurs. C'est du moins ce que souhaite Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA.
Cette bataille du juste prix payé aux agriculteurs est urgente pour la profession. C’est un combat que mène depuis sa création la Coordination rurale, un syndicat agricole. Pour que cela fonctionne, il faut que tout le monde joue le jeu. Ce qui n'est pas vraiment le cas à l'heure actuelle, d'où l'intérêt de légiférer. En novembre dernier, producteurs, transformateurs et distributeurs avaient signé dans le cadre des Etats généraux de l’alimentation une charte destinée à réguler leurs rapports commerciaux.
Sauf que cette charte n’est pas respectée et c’est pour cette raison qu’Emmanuel Macron a adressé une mise en garde à la grande distribution lors de ses vœux au monde agricole. Le président de la République a brandi la menace d’appliquer le "name and shame", c'est-à-dire de dénoncer ceux qui ne jouent pas le jeu.
Aujourd'hui, ce "name and shame" est déjà pratiqué par la FNSEA. Christiane Lambert n'hésite ainsi pas à pointer du doigt les pratiques injustes de Carrefour, Leclerc, Intermarché ou encore Auchan. Mais pour Franck Geretzhuber, secrétaire général d'Auchan Retail France, bien qu'il reconnaisse une guerre des prix entre distributeurs, il estime que son groupe joue le jeu.
Quid des consommateurs ? Pour Christiane Lambert, ce ne sont pas eux qui paieront la réévaluation des prix. Du côté des associations de consommateurs, on est plus prudent et on réclame la transparence sur la répartition de ces hausses de prix. Car pour Mathieu Escot, responsable des études à l'UFC-Que Choisir, qualité et hausse des prix pour le consommateur ne signifient pas pour autant une augmentation de la rémunération des agriculteurs.
Le projet de loi sur l’alimentation qui sera donc présenté demain prévoit également le relèvement du seuil de revente à perte de 10 %, l’encadrement des promotions pour permettre donc un juste retour du prix payé aux agriculteurs, mais aussi la lutte contre les prix abusivement bas. Un texte qui devrait aussi Stéphanie permettre de faciliter les recours en cas de litige et d’assurer plus de transparence dans la coopération agricole.
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