
Le printemps pointe son nez et c’est une mauvaise nouvelle pour les allergiques. Une trentaine de départements étaient concernés depuis dimanche mais l'alerte rouge au pollens s'étend désormais à la majorité de la France, avec un total de 79 départements touchés. Mais comment expliquer l’arrivée de pollens aussi précoce dans la saison ?
L’alerte rouge aux pollens concerne désormais les trois quarts de la France. Le 16 février, le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) avait placé 30 départements au sud d’une ligne allant de la Vendée en passant par l’Aquitaine, l’Occitanie et le pourtour méditerranéen. Mercredi, l'alerte a été étendue aux régions Centre Val de Loire, Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne Franche-Comté, Grand Est et Ile de France soit un total de 79 départements concernés par un risque allergique élevé.
Ces risques, élevés d’allergies précoces, s’expliquent par une météo printanière. "Les températures très douces viennent favoriser l’émission des pollens dans l'air. On retrouve surtout des pollens de cyprès, de frêne, d'aulne et de noisetier" explique Samuel Monnier ingénieur en charge de la communication du Réseau national de surveillance aérobiologique. "C'est leur période habituelle de floraison, même si ces dernières années, on observe une avancée de la saison pollinique en lien avec le changement climatique. Les quantités de pollens sont aussi plus fortes" ajoute-t-il. Des pollens plus tôt en plus grande quantité, mais aussi plus irritants. "Les conditions climatiques actuelles favorisent le développement des pollens en nombre, mais modifient également la structure externe des pollens. Ils deviennent plus agressifs pour les muqueuses et les voies respiratoires" précise le Dr Marc Sapene allergologue et pneumologue, vice-président de l’association asthme et allergies. Associés à la pollution aux particules fines, ces pollens représentent un cocktail de plus en plus explosif auquel sont confrontés les allergiques.
Les spécialistes estiment environ à 30 % la part de la population française allergique. Mais ce qui inquiète les médecins, c’est la progression du taux d’allergiques en France et partout dans le monde
"Dans les années 70, on avait que quelques personnes et on parlait souvent de rhumes des foins et on ne parlait pas forcément d'allergie. Et aujourd'hui, l'OMS, l'Organisation mondiale de la santé, prévoit qu'au-dessus de 2050, il y aurait jusqu’à 50 % de la population allergique" indique Pascale Couratier la directrice générale de l’association française de prévention des allergies. Autre inquiétude : la prévalence de l’asthme maladie respiratoire parfois mortelle est en aussi en augmentation. "Plus on étudie les cas et plus on constate que la plupart des asthmatiques sont allergiques. Dans l'enfance, on peut presque dire que tous les asthmatiques sont allergiques" rappelle le Dr Marc Sapene. Les conséquences des allergies dans la petite enfance peuvent être graves, souligne ce praticien.
Face à cette situation, de nombreux médecins spécialistes n’hésitent plus à parler d’épidémie. Pour Pascale Couratier : "la prise en compte des allergies par les pouvoirs publics est encore insuffisante. Il faut arrêter de penser que l'allergie, ce n'est que trois petits boutons et que ce n'est pas gênant. Non, ça peut être très handicapant. Il faut vraiment prendre en considération la problématique des allergiques". Elle préconise de grandes campagnes de prévention et également d’augmenter le nombre de médecins allergologues pour compenser les départs en retraite.
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